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télécharger la thèse - fasopo

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l’expression / se / le / qui se traduit par « sont dans » 362 . Par conséquent, en raison de <strong>la</strong><br />

distinction entre a õndro et eyiondro, dans <strong>la</strong> suite de <strong>la</strong> phrase : enje / ne / enje / za / Ngako<strong>la</strong><br />

/ ne / ayiondro / ke / se / (ceux / qui / ils / ont pris / Ngako<strong>la</strong> / en question / sorciers /<br />

focalisateur / sont 363 /) les membres de l’association semalì sont des ayiondro, des «<br />

sorciers », qui ont les a õndro dans l’estomac. Le fait que Louise recourt dans une même<br />

phrase à deux formules différentes – « les õndro sont dans eux » et « ce sont des ayiondro » –<br />

renvoie directement à notre discussion sur le glissement sémantique du moto õndro, passé de<br />

« posséder l’õndro en soi » à « être un sorcier » 364 .<br />

Revenons maintenant au récit de Louise Eredeyo. Les gbangaυa – ceux qui dans des<br />

témoignages successifs deviendront progressivement les « grands initiés » 365 – ont <strong>la</strong>vé les<br />

novices avec un ayo de Ngako<strong>la</strong>. Dans ce contexte, le terme assume l’un des sens spécifiés<br />

par Tisserant (1931 : 364), et plus précisément « ce que l’on tire de l’arbre », le « remède<br />

d’origine végétale ».<br />

Les glissements sémantiques du mot ayo, <strong>la</strong> terreur exercée par les gbangaυa – non<br />

seulement sur les novices, mais plus en général dans <strong>la</strong> société banda du début du XX siècle<br />

(ibid.) – n’expliquent qu’une partie des contradictions que nous avons relevées dans le récit<br />

de Louise. Lorsque nous lui demandons si à son tour elle a initié des jeunes au culte de<br />

Ngako<strong>la</strong>, elle répond :<br />

Hein ! Anase / ne / mo / anase / ne / mo / zu / enje / mo / yi / se ne / ke / enje / mo / pa /<br />

enje / dji / ama / mo / œ pa de / enje / ma / crapule ne<br />

























































<br />

362<br />

Encore M. Diki-Kidiri nous explique que « le verbe « être » en banda se dit « se » au singulier et « le », mais<br />

<strong>la</strong> forme du pluriel est de moins en moins utilisée, si bien qu’on rencontre souvent <strong>la</strong> forme « se » même après<br />

un sujet pluriel. Par ailleurs il existe un homonyme « le » qui, lui, est un locatif que l’on traduit par « dans ». Dès<br />

lors « être dans » se dit « se le » (en deux mots distincts. Il faut donc écrire : « Aondro se le enje »).<br />

363<br />

Éc<strong>la</strong>ircissons encore que le déverbatif « ke » (à ton haut) est préfixé au verbe pour former l’infinitif : ainsi<br />

« kese », « être » (le fait d’être) ».<br />

364<br />

Sur le changement entre l’existentiel se et le, ainsi que sur ke se on se réfèrera aussi à Eggen (1976 : 18/i), et<br />

aux recherches ethnolinguistiques de France Cloarec-Heiss, lorsque cet auteur rappelle que le banda est « une<br />

<strong>la</strong>ngue qui ne possède pas de verbe avoir mais où l’on est avec quelque chose ou quelqu’un » (1985 : 391).<br />

365<br />

« Grands initiés » est une expression que nous avons enregistrée sur le terrain, et qu’en aucune façon elle ne<br />

peut être rapprochée au « grand guérisseur » (le ngëngan evuzok) dont a écrit L. Mal<strong>la</strong>rt-Guimera (1981 : 147).<br />

Le « grand initié » est une figure forgée dans le souvenir dûment « retravaillé » des anciennes associations<br />

comme le semalì : il s’agit donc d’une figure imaginaire et non d’un « praticien » qu’on pourrait rencontrer ou<br />

consulter. Même si cette figure – dont le champ épistémique est, selon nous, proche de l’imaginaire de <strong>la</strong><br />

sorcellerie – partage avec les guérisseurs traditionnels l’ambivalence des pouvoirs dont ils disposent, les<br />

« grands initiés » ne font jamais l’objet d’appréciation. Au contraire, ils coïncident avec les aïeux dont par<strong>la</strong>it le<br />

directeur de l’école de Baka<strong>la</strong> : ainsi, dans leur égoïsme, ces initiés du passé n’auraient pas transmis leur<br />

« totem » aux générations suivantes.<br />

246


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