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télécharger la thèse - fasopo

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vomissant, manière de créer ainsi de nouveaux individus (...) On se remémorera aussi un<br />

dicton concernant l’initiation à <strong>la</strong> puberté des Ngbaka-minagende : Golì yó’dó màndà’bà, nè à<br />

hó gàzá (Le golì [monstre initiatique] avale le non-circoncis, qui ressort en initié) » (ibid. 356 ).<br />

Louise et les autres novices ont passé toute une journée dans le tombeau rituel. Le soir,<br />

ils sont sortis, les gbangaυa les ont <strong>la</strong>vés avec de l’eau et oints avec du folo, une couleur<br />

rouge obtenue d’une écorce d’arbre 357 . Les mains et le visage étaient peints en b<strong>la</strong>nc. Ensuite,<br />

les initiés ont entamé <strong>la</strong> danse dangaya 358 : ils étaient assis en rond tandis qu’un initié dansait<br />

avec dans ses mains un couteau de jet rituel, que Louise appelle parfois likongo en sango, et<br />

d’autres fois magya, qu’en banda indique probablement « <strong>la</strong> bouche » (ama) de « l’animal »<br />

(gya) 359 . La danse terminée, le premier initié revenait dans le cercle et passait le magya à un<br />

copain qui reprenait le dangaya. Au moment de voir Ngako<strong>la</strong>, les gbangaυa ont appelé un<br />

novice à <strong>la</strong> fois :<br />

Enje / pa / ke bo / œ pa / bo / na e / wu / tche / bo / na / wu / enje / da / bo / enje / vo /<br />

a<br />

Ils / dire / à toi / que / tu / aller là / voir / lui [Ngako<strong>la</strong>] / tu aller / voir / ils / frappent /<br />

toi / ils griffent / nous<br />

[Ils t’appellent en te disant d’aller le voir (Ngako<strong>la</strong>). (Quand) tu vas le voir, ils (les<br />

gbangaυa) te battent, ils nous griffent]<br />

























































<br />

356 Le dicton ngbaka cité par J.-L. Grootaers est pris de Marcel Henrix, Dictionnaire ngbaka-français, Research<br />

Centre for African Languages and Literature, Gand, 2000, p. 240 ; pour le mythe manza, Vergiat (1981 : 119-<br />

120).<br />

357 Le folo est préparé avec le bois rouge Pterocarpus ; aujourd’hui le folo est un important « blindage » contre <strong>la</strong><br />

sorcellerie. Selon le Père Tisserant : « les indigènes écrasent le bois, en font une pâte avec l’huile d’onction et<br />

s’en oignent le corps pour <strong>la</strong> danse et dans les cas de ma<strong>la</strong>die » (1931 : 571). Vergiat cite le folo dans <strong>la</strong><br />

description du bada de l’association maoro (« génie des Bandas par lequel on nuit aux autres ») : « On entre<br />

dans cette société contre <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die et surtout pour se mettre à l’abri des sorts et envoûtements jetés par<br />

l’intermédiaire du génie (...) Auprès de <strong>la</strong> case de l’initiateur est édifiée une instal<strong>la</strong>tion fétichiste (...) un toit de<br />

paille de forme conique, posé sur des piquets. Sur le sommet sont disposées des floches d’écorce (...) une<br />

branche de Folo, dont les feuilles exhalent une violente odeur... » (1981 : 167-168).<br />

358 « Dangaya, c’est <strong>la</strong> danse des Banda, <strong>la</strong> danse dont le rythme a gagné tout le pays. Vous arrivez n’importe où,<br />

vous dansez le dangaya » : entretien avec M. Frameau, Bambari, le 16 juin 2005. Le dangaya est très connu en<br />

Centrafrique : il s’agit d’une danse dans <strong>la</strong>quelle les participants tournent en rond en se suivant l’un l’autre – le<br />

nom dérive en effet de dãnga, « tourner en rond », « entourer » (Tisserant, 1931 : 73-74). Louise Eredeyo se<br />

souvient d’avoir dansé le dangaya et dans <strong>la</strong> ganza et pendant le semalì. Souvent, on danse le dangaya lors des<br />

veillées mortuaires aussi. Vergiat put assister à l’une de ces danses dans un bada de Ngako<strong>la</strong> mais,<br />

apparemment, il ne remarqua pas les ressemb<strong>la</strong>nces avec d’autres danses ésotériques : ainsi il écrivait au Père<br />

Tisserant que « Les initiés, lorsqu’ils dansent ont chacun dans <strong>la</strong> main soit un manche de houe (...) soit une<br />

hache (stylisée en bois) soit une sagaie. Ils se voilent <strong>la</strong> face, dansent courbés – miment ? certainement [sic] » :<br />

Lettre manuscrite au Père Charles Tisserant, 3 décembre 1934, AGCdSE, chemise 2D71.3b4.<br />

359 Tisserant définit le magya, « grand couteau de débroussage, à <strong>la</strong>me courbe » (1931 : 260). Beaucoup de<br />

couteaux de jet banda étaient forgés en forme de tête et de bec d’un oiseau stylisé.<br />

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