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de l’analyse – on attribue aux initiés à Ngako<strong>la</strong> des pouvoirs « mystiques », qui ne diffèrent<br />

pas des pouvoirs et des connaissances des nganga et des sorciers. Il s’agit du même discours<br />

que l’anthropologue Tamara Giles-Vernick (1996) a recueilli parmi les Banda M’Bres à<br />

propos de <strong>la</strong> ganza – <strong>la</strong> cérémonie de <strong>la</strong> circoncision. Ici, on entre dans l’imaginaire de <strong>la</strong><br />

sorcellerie, où les descriptions des activités des sorciers d’un côté, et <strong>la</strong> « réinvention » du<br />

semalì de l’autre, présentent des similitudes importantes qui composent les discours banda sur<br />

<strong>la</strong> sorcellerie.<br />

II. Le semalì : l’initiation de Louise<br />

Louise Eredeyo a accepté de décrire son initiation parce que, nous dit-elle, le semalì<br />

est rœ kuzu kuzu 350 , une « chose morte » : désormais, elle suit œpwe Nzapa « <strong>la</strong> parole de<br />

Dieu » 351 . Au cours de l’entretien, Louise se réfère aux initiateurs de trois façons différentes :<br />

elle utilise le pronom enje, « ils – eux » ; elle dit a banda ne, « ces banda-ci » ; elle définit les<br />

initiateurs des « sorciers » : ayiondro ke se, « ils sont des sorciers ».<br />

Les novices étaient une dizaine, garçons et filles 352 . Ils ont été initiés par des hommes<br />

et des femmes de leur vil<strong>la</strong>ge. Dans le récit de Louise – comme dans tous les témoignages que<br />

nous avons pu recueillir – le semalì est immédiatement associé aux violences physiques que<br />

les novices devaient supporter : les jeunes ont été fouettés et battus à plusieurs reprises<br />

pendant l’initiation. Cependant, Louise ne manque pas de souligner l’objectif pédagogique de<br />

cette violence. Ainsi, lorsque nous demandons pourquoi on l’avait initiée, elle répond :<br />

Enje / gara / njapa-njapa / e / da / mo / rre / sioni sioni sioni 353 /<br />

Ils / coupent / une chicotte / ils frappent / moi / longuement / mal mal mal /<br />

Enje / ma / rœ... œ pa de / a<strong>la</strong>ni / ko /a / yi /ese / rœ / ogo /<br />

Ils / faire / chose... dire/ eux-là / prendre / nous / montrer / être / chose / pays /<br />

[Ils font <strong>la</strong> chose... (Ils) disent qu’ils nous prennent pour nous montrer <strong>la</strong> chose du<br />

pays]<br />

























































<br />

350 La <strong>la</strong>ngue banda recourt à <strong>la</strong> répétition des mots pour renforcer le sens de <strong>la</strong> phrase.<br />

351 L’entretien a eu lieu en <strong>la</strong>ngue banda, le 17 mai 2006. D’une manière générale, dans <strong>la</strong> transcription du banda<br />

nous suivons le Dictionnaire Banda-Français du Père Tisserant. Au mois de septembre 2009 le linguiste Marcel<br />

Diki-Kidiri est intervenu sur notre traduction de cet entretien, afin d’apporter des précisions sur les passages qui<br />

se révèlent être parmi les plus importants de notre fieldwork.<br />

352 Ce détail marque une différence importante entre l’initiation semalì et <strong>la</strong> ganza, l’initiation à l’âgé adulte :<br />

dans ce dernier cas garçons et filles étaient initiés séparément.<br />

353 Sioni est un mot sango qui signifie « mal », « mauvais ».<br />

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