03.07.2013 Views

télécharger la thèse - fasopo

télécharger la thèse - fasopo

télécharger la thèse - fasopo

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

éticence envers nos questions et le fait qu’avec le temps les témoins directs des événements<br />

qui nous intéressent se raréfient. Cependant, nous proposons une autre explication aussi.<br />

Dans <strong>la</strong> Ouaka, <strong>la</strong> figure du gbangaυa correspond à un stéréotype qui appartient plutôt<br />

au monde de l’imaginaire qu’à celui des figures historiques comme l’eyigbenge, l’eyiogo et<br />

leur « équivalent » colonial, le makonji. À <strong>la</strong> différence de ces derniers, en outre, le stéréotype<br />

du gbangaυa n’est pas en premier lieu l’objet d’un souvenir mais le produit d’un travail de<br />

l’imaginaire – ce qui ne signifie pas qu’il est une « invention » tout court. Le stéréotype n’est<br />

ni une image de fantaisie ni une façon de parler inoffensive : au contraire, il s’agit d’un outil<br />

discursif dont <strong>la</strong> violence « réductrice » intervient dans des situations où des identités sont<br />

mises en question (Herzfeld, 1992 : 67). Dans le stéréotype de l’initié semalì, donc, nous<br />

reconnaissons en premier lieu l’indice d’un problème d’« identité », dans <strong>la</strong> mesure où cette<br />

dernière se définit aussi à partir du rapport que les Banda instituent avec leur propre tradition.<br />

Le stéréotype, en effet, existe seulement à l’intérieur d’une re<strong>la</strong>tion « à autrui » : « Les<br />

stéréotypes sont des unités de discours standardisées et de schèmes de représentations<br />

comportant un double contenu d’information et d’évaluation dans le rapport à soi et aux<br />

autres » (Martinelli, 1995 : 367). La dimension expressive du stéréotype « prive activement<br />

l’« autre » d’une certain attribut » (Herzfeld, 1992 : 67) : le stéréotype a donc à voir avec<br />

l’absence « d’une propriété supposée désirable » (ibid.) et inscrit <strong>la</strong> question identitaire dans<br />

<strong>la</strong> dialectique de <strong>la</strong> présence et de l’absence, de l’attribution et de <strong>la</strong> soustraction de qualités.<br />

Pourtant, diversement des stéréotypes « politiques » et des rapports bureaucratiques<br />

étudiés par Herzfeld, nos interlocuteurs parlent en dernière instance d’eux-mêmes, dans <strong>la</strong><br />

mesure où ils évoquent l’initiation banda, les aïeux, manderœ et, dans les mots de Louise<br />

Eredeyo, a banda ne – « ces banda-ci ». Autrement dit, l’« autre » qui est privé d’un certain<br />

attribut est « l’homme (ou <strong>la</strong> femme) banda » du passé. Dès lors nous nous intéressons à <strong>la</strong><br />

façon dont le stéréotype de l’initié banda a été forgé, aux « propriétés supposées désirables »<br />

dont cette image stéréotypée dénonce l’absence et, finalement, aux origines historiques de<br />

cette figure rhétorique.<br />

























































<br />

avec nos choses très modernes-là, donc on n’a pas besoin de faire ça », (Kamba, né vers 1970 : entretien recueilli<br />

à Baka<strong>la</strong>, le 21 juin 2005).<br />

258


Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!