03.07.2013 Views

télécharger la thèse - fasopo

télécharger la thèse - fasopo

télécharger la thèse - fasopo

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

XIII. Le semalì selon l’abbé Barthélémy Boganda : « une monstruosité »<br />

Bien que distinctes des idées du Père Daigre, chronologiquement et<br />

conceptuellement 266 , nous analysons ici les opinions du jeune abbé Barthélémy Boganda sur<br />

les cultes des Banda – parmi lesquels il put vivre les premières années de son ministère, ayant<br />

été ordonné (le premier) prêtre oubanguien le 27 mars 1938. Ces opinions se distinguent de<br />

celles du Père Daigre non pour le jugement de valeur porté sur les croyances banda – dans les<br />

deux cas négatif et voilé de paternalisme – mais pour le ton extrêmement dur adopté par le<br />

futur Président centrafricain. Elles se distinguent aussi des observations du Père Tisserant, qui<br />

ouvrent à des réflexions historiques et ethnographiques de toute autre ampleur.<br />

En octobre 1941, Barthélémy Boganda est nommé à <strong>la</strong> Mission St. Joseph de Bambari.<br />

À Noël 1942, l’abbé est chargé des écoles et de l’évangélisation de <strong>la</strong> subdivision (Pénel,<br />

1995 : 23) : l’éducation était alors <strong>la</strong>rgement dans les mains de l’Église catholique (Eggen,<br />

1979 : 9). De 1943 à mai 1946 Boganda est responsable du secteur Grimari-Baka<strong>la</strong>-Kouango,<br />

sur un axe qui traverse une <strong>la</strong>rge partie du pays banda (Pénel, 1995 : 23).<br />

Les principes qui guident le jeune Boganda durant ses premières années dans <strong>la</strong> Ouaka<br />

sont <strong>la</strong>rgement empruntés au discours des missionnaires catholiques qui – dès le début du<br />

siècle – prônaient <strong>la</strong> métamorphose spirituelle et culturelle des Africains (Mudimbe, 1988 :<br />

77). Pour Barthélemy Boganda 267 , affecté dans <strong>la</strong> Ouaka en 1941, <strong>la</strong> question du<br />

« fétichisme » revenait en effet à « perfectionner » l’homme banda : « On m’a toujours<br />

présenté le peuple banda comme très difficile et réfractaire à l’Évangile. Personnellement je<br />

ne le crois pas (...) Il vaut mieux me persuader que le banda est susceptible de<br />

perfectionnement et il l’est de fait » 268 . Dans <strong>la</strong> même lettre, l’abbé décrivait sa « lutte<br />

acharnée » contre <strong>la</strong> polygamie, ainsi qu’aux « chrétiens qui pratiquent d’une façon habituelle<br />

le fétichisme ». L’envergeure de l’œuvre d’évangélisation de Boganda – ainsi que sa portée<br />

























































<br />

266 Le Père Joseph Daigre quittait l’Oubangui-Chari en 1939 (Toso, 1994 : 145) ; Barthélémy Boganda était<br />

nommé à <strong>la</strong> Mission St. Joseph de Bambari en 1941. Le fait que les lettres de Barthélémy Boganda, écrites à<br />

Bambari, et certains travaux des missionnaires dans <strong>la</strong> Ouaka partagent une air de famille évidente envers les<br />

croyances banda ne signifie pas que les auteurs et leurs idées puissent être rapprochés tout court. Ainsi, l’idée du<br />

« perfectionnement » dont Boganda écrivait à Mgr Grandin ne se retrouve pas dans les travaux du Père Daigre<br />

et, vice versa, l’insistance sur <strong>la</strong> naïveté des Africains que nous reconnaissons dans les mots du missionnaire<br />

français n’est pas présente dans <strong>la</strong> correspondance de l’abbé Boganda. Historiquement, le problème est plus<br />

compliqué encore : les rapports entre le futur Président centrafricain et les Pères Spiritains furent extrêmement<br />

difficiles, et <strong>la</strong> tension culmina justement pendant <strong>la</strong> période que Boganda passa dans <strong>la</strong> Ouaka : les raisons<br />

étaient à <strong>la</strong> fois personnelles et « politiques », concernant les rapports, stricts, des missionnaires catholiques avec<br />

l’administration coloniale. Arrivé à Paris, en 1947, Boganda refusa d’habiter à <strong>la</strong> maison mère des Spiritains, rue<br />

Lhomond. Sur ces arguments, on lira Pénel (1995 : 53-57), Eggen (1976 : 10/d) et un résumé des événements<br />

dans Kinata (2008 : 556-562).<br />

267 Qui cependant, rappelons-le, n’était pas un missionnaire : voir <strong>la</strong> note précédente.<br />

268 Barthélemy Boganda, lettre manuscrite à Mgr Grandin, Bambari le 16 juin 1942. AGCdSE, Fond De<br />

Banville, chemise 45.11.<br />

201


Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!