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télécharger la thèse - fasopo

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Stoller, quant à lui, soulève les mêmes problèmes lorsqu’il écrit à propos de l’« effacement »<br />

de <strong>la</strong> subjectivité individuelle à propos des Songhay du Niger et du Mali. Le sorcier – par<br />

extension, le Chef d’État ou le « dominant » – exerce un pouvoir en « mangeant » les forces<br />

de ses victimes, mais il risque d’être à son tour « mangé » et assujetti par le pouvoir qu’il<br />

s’efforce de posséder : « Songhay sorcerers, the illustrious sohanci, are said to eat powers, but<br />

that power also eats them. By eating power, they are “owned” by it » (2002 : 226). Par<br />

ailleurs, cette « collectivist notion of “ownership” » ne semble pas exclusive du monde de <strong>la</strong><br />

sorcellerie mais, selon Stoller, elle se retrouve à <strong>la</strong> base des conceptions songhay de <strong>la</strong><br />

propriété de <strong>la</strong> terre et des griots : ces derniers ne sont pas « the “owners” of words, but are<br />

“owned” by the words that they committ to memory » (ibid.).<br />

Les considérations de Tonda – où résonne fort l’écho de <strong>la</strong> dialectique hégélienne –,<br />

les observations de Stoller à propos du « pouvoir sorcier » qui assujettit les sorciers, <strong>la</strong><br />

marginalisation sociale et <strong>la</strong> subordination politique des chefs locaux qui recourent à<br />

l’accusation de sorcellerie, les gens de Baka<strong>la</strong> qui se p<strong>la</strong>ignent parce que « nous les Banda, <strong>la</strong><br />

transmission d’un totem (richesse) » d’une génération à l’autre « ça ne se fait même pas » :<br />

voilà autant de trajectoires qui tracent un parcours d’assujettissement et d’« extériorité<br />

maximale à soi-même » : autrement dit, un parcours de dépossession.<br />

Puisque l’idiome de <strong>la</strong> sorcellerie se structure autour d’un certain nombre de figures de<br />

l’imaginaire, et que nous avons inclus parmi ces figures des personnalités historiques et<br />

politiques – Ngoutidé et le Président Boganda – il semble nécessaire de revenir par <strong>la</strong> suite<br />

sur notre conception de l’« imaginaire ».<br />

XXII. L’imaginaire de <strong>la</strong> sorcellerie : un problème d’extraversion scientifique<br />

La notion d’imaginaire que nous avons présentée au début du chapitre incorpore une<br />

multiplicité de références « savantes » : parmi les plus importantes, Cornelius Castoriadis,<br />

Michel Foucault, Jacques Lacan et plus récemment Arjun Appadurai et Homi K. Bhabha.<br />

Nous avons déjà cité à plusieurs reprises les intellectuels africains Joseph Tonda et Achille<br />

Mbembe : <strong>la</strong> façon dont ces auteurs abordent – chacun à sa manière – <strong>la</strong> question de<br />

l’« imaginaire » a influencé profondément notre propre réflexion. Cependant, leur traitement<br />

de cette notion demeure influencé par des « outils conceptuels » forgés dans des milieux<br />

académiques occidentaux. Bref, <strong>la</strong> croyance à <strong>la</strong> sorcellerie – et <strong>la</strong> notion centrale<br />

d’imaginaire « mystique » ainsi que celle de « violence de l’imaginaire » forgée par Tonda –<br />

s’avèrent l’un des lieux de prédilection d’une « extraversion du savoir scientifique africain »<br />

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