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télécharger la thèse - fasopo

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pédagogiques, voire une certaine confusion entre le semalì et <strong>la</strong> ganza, le choix du mot gbakó<br />

marque une différence importante par rapport à <strong>la</strong> cérémonie de <strong>la</strong> circoncision. Cette dernière<br />

avait lieu à l’écart du vil<strong>la</strong>ge 397 , tout comme le semalì, mais dans un camp (le aba) que nos<br />

interlocuteurs situent male gusu, « dans <strong>la</strong> brousse » 398 . Dans les récits que nous avons cités,<br />

<strong>la</strong> brousse et <strong>la</strong> forêt composent avec le lieu habité (le vil<strong>la</strong>ge ou <strong>la</strong> ville, kodoro 399 en sango)<br />

une géographie du souvenir à l’intérieur de <strong>la</strong>quelle agissent des figures stéréotypées – le<br />

gbangaυa, le sorcier, le métamorphoseur/urukuzu. M. Bloch (1995) écrit que « <strong>la</strong> topographie,<br />

lorsqu’elle est (...) lourde d’histoire, est une composante particulièrement signifiante dans <strong>la</strong><br />

mesure où elle permet au sujet de se réapproprier plus facilement l’événement comme s’il en<br />

avait vraiment été le témoin ». Cependant, dans le discours banda, <strong>la</strong> forêt, <strong>la</strong> brousse et le<br />

vil<strong>la</strong>ge cessent d’agir comme des supports mnémoniques pour tracer les confins d’une<br />

topographie ébranlée par le souvenir et par son insertion dans l’imaginaire de <strong>la</strong> sorcellerie.<br />

Dans <strong>la</strong> situation post-coloniale de production de pratiques et de discours re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong><br />

sorcellerie, « categories such as « centre » and « periphery », or « city » and « vil<strong>la</strong>ge », and<br />

the string of qualities attached to them, have often themselves become states of mind rather<br />

than objective qualities of space. The way in wich the urban and the rural are constantly<br />

deconstructed in the post-colony necessitates an imaginative theorizing of that reality » (De<br />

Boeck, 2008 : 129).<br />

Dans un article paru en 1996 dans Ethnohistory, l’anthropologue Tamara Giles-<br />

Vernick a analysé l’importance de ces points de repère géographiques dans les discours sur <strong>la</strong><br />

ganza qu’elle a recueillis parmi les Banda M’Bres. Ces discours sont du même ordre que ceux<br />

tenus par nos interlocuteurs sur le semalì 400 . À partir des usages du mot sango guiriri,<br />

























































<br />

397 Parmi les Banda, <strong>la</strong> ganza des garçons avait lieu dans un camp – le aba – apprêté dans <strong>la</strong> brousse, à l’écart du<br />

vil<strong>la</strong>ge, tandis que les jeunes filles étaient excisées dans le vil<strong>la</strong>ge. Successivement, elles étaient enfermées dans<br />

une maison toujours dans le vil<strong>la</strong>ge. Elles y restaient pour une durée de temps variable, mais en tout cas non<br />

inférieure à <strong>la</strong> cicatrisation de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ie de l’excision. Pendant ce temps, elles étaient tenues à respecter des<br />

interdits alimentaires et elles recevaient des enseignements de <strong>la</strong> part des ataganza (C<strong>la</strong>ire Enjiwuenjiwu, vil<strong>la</strong>ge<br />

Kada I, le 28 mai 2005). Dans un souci de complétude nous signalons l’existence d’un film, Cérémonies<br />

d’excision chez les Banda-Linda, réalisé à Grimari en 1959 par Guy Lartizien. Ce film, disponible dans le<br />

catalogue du CERIMES, ne revêt presqu’aucun intérêt ethnographique. Il s’arrête sur les aspects chirurgicaux de<br />

l’opération d’excision, avec un regard que dans <strong>la</strong> meilleure des hypo<strong>thèse</strong>s on pourrait qualifier d’exotique,<br />

tandis qu’il ne consacre que quelques brèves images aux aspect cérémoniaux.<br />

398 Nos observations sur le choix lexical de Louise sont confirmées par le passage d’entretien qui suit. Notre<br />

interlocuteur, Raymond Gonemandji, nous corrige (non sans gentillesse) lorsque nous prononçons un mot banda.<br />

Raymond était en train d’expliquer le déroulement du semalì nbwangere ongu, l’initiation semalì diffusée parmi<br />

les Banda Dakpwa près de Baka<strong>la</strong> : « Je suis Banda Dakpwa. Bon, il y a des femmes qui sont là, elles sont<br />

vieilles, ce sont elles qui nous mettent [dans] le semalì nbwangere ongu (…) Bon, le matin on tape le tam-tam,<br />

les gens dansent (…) quand il fait 8 heures ou 9 heures déjà, on nous accompagne là-bas… » – « Dans le<br />

gusu ? » – « Oui… dans le gbakó, dans <strong>la</strong> forêt » (vil<strong>la</strong>ge Kada I, le 28 mai 2005).<br />

399 Significativement, le kodoro peut être défini « l’espace habité ».<br />

400 Par exemple : « In discussing ganza of the past, most informants underscored its importance in conferring<br />

knowledge of a social order. This instruction relied on physical coercion. Referring to the beatings he had<br />

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