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télécharger la thèse - fasopo

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Les zubru étaient les jeunes ayant passé les premières épreuves physiques de l’initiation. Les<br />

semalì, ou sumale, avaient passé l’initiation et participaient au culte de Ngako<strong>la</strong>. Au sommet<br />

de cette hiérarchie étaient les gbangaυa, les dépositaires des secrets du culte et des objets<br />

rituels (Daigre, 1932 : 677 ; Grootaers, 2007a : 66). Collectivement, tous les initiés étaient<br />

appelés semalì. Les non-initiés étaient les ndulu : ce terme désignait en général les personnes<br />

exclues des différentes associations initiatiques banda 244 (Tisserant, 1931 : 311). Eggen écrit<br />

qu’au tournant du XX siècle l’accès aux grades initiatiques représentait un principe de<br />

stratification sociale important, auquel s’ajoutait <strong>la</strong> diffusion d’une forme d’esc<strong>la</strong>vage<br />

domestique : « il existait, à <strong>la</strong> fin du 19 siècle, une forme de stratification sociale marquée<br />

d’une exploitation, parfois ignoble. Les ndūlū, les non-initiés se voyaient soumis à des<br />

escroqueries et à des vio<strong>la</strong>tions de leurs droits économiques et conjugaux. Certes, leur<br />

position n’était pas celle des esc<strong>la</strong>ves domestiques qui, seuls, dépendaient entièrement d’un<br />

propriétaire pouvant disposer d’eux comme il l’entendait, entre autres, en les faisant travailler<br />

aux champs » (1976 : 12/a).<br />

Les semalì recevaient un nom d’initiation 245 et ils apprenaient une <strong>la</strong>ngue secrète : le<br />

ndeka 246 . L’origine de cette <strong>la</strong>ngue demeure inconnue. Selon Eggen, le ndeka entretenait des<br />

rapports avec certains dialectes des popu<strong>la</strong>tions Sara du nord de <strong>la</strong> RCA et du sud du Tchad<br />

(1976 : 11/b ; Grootaers, 2007a : 66) 247 . Cet auteur a comparé des éléments lexicaux de<br />

plusieurs contextes initiatiques centrafricains. Il s’agit notamment du radical nga, que nous<br />

retrouvons dans le mot gbangaυa, dans le nom Ngako<strong>la</strong>, mais aussi dans le préfixe ngà- de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue sara, où il signifie : « maître de... » (Jaulin, 1967 : 168) 248 . Selon Eggen, « le nom de<br />

























































<br />

244 Dans le cas de <strong>la</strong> ganza (l’initiation à l’âge adulte) les non-circoncis étaient appelés õmvo. Nous ne nous<br />

référons ici qu’aux associations fermées vouées à un génie ou un esprit en particulier et avec des finalités<br />

spécifiques al<strong>la</strong>nt de l’administration de <strong>la</strong> justice, à l’entraide mutuelle et à <strong>la</strong> gestion – ou <strong>la</strong> contestation – des<br />

équilibres politiques de <strong>la</strong> communauté. Dans un entretien cité plus loin les ndulu sont les novices en cours<br />

d’initiation au semalì.<br />

245 Louise Eredeyo, <strong>la</strong> femme banda de Bria qui nous a décrit son initiation, avait reçu le nom de semalì-ngunza ;<br />

ngunza signifie, en sango, « <strong>la</strong> feuille de manioc » : à <strong>la</strong> maison, elle préparait souvent du manioc pour se frères.<br />

Vergiat fut lui-même initié au culte de Ngako<strong>la</strong> : il avait pris pour nom local Yangako<strong>la</strong>, « ami de Ngako<strong>la</strong> »<br />

(Vergiat, 1981 : 12 ; Grootaers, 2007 : 66).<br />

246 À propos de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue secrète ndeka, nous avons consulté un document manuscrit du Père Tisserant, inclus<br />

dans <strong>la</strong> chemise 2D71.3b4, AGCdSE. Il s’agit d’un bref vocabu<strong>la</strong>ire : Langage semalì – Semalì Ngako<strong>la</strong> chez<br />

[les] Manjas [de] Batangafo. La calligraphie est certainement celle du Père Tisserant, mais il est probable qu’il<br />

ait recopié un document précédent de Vergiat, dont le nom apparaît en haut à droite sur <strong>la</strong> première page. Dans<br />

une lettre du 21 mai 1936, ce dernier affirme en effet avoir envoyé au Père Tisserant un « court vocabu<strong>la</strong>ire<br />

Semalì-Ngako<strong>la</strong> ». Voir aussi <strong>la</strong> note successive.<br />

247 Le Langage semalì–Semalì Ngako<strong>la</strong> chez [les] Manjas [de] Batangafo est accompagné d’une lettre<br />

manuscrite de Vergiat au Père Tisserant, (décembre ?) 1934 : « Je viens d’effectuer un voyage de huit jours à<br />

Dekoa, j’ai recueilli quelques mots d’un vocabu<strong>la</strong>ire Semali Ngako<strong>la</strong> d’une autre secte à Dekoa. Je vais vous en<br />

adresser une copie. J’ai également quelques mots Labi. Mes informateurs m’ont dit que les Sara comprenaient ce<br />

dialecte. J’ai pu constater que les noms de l’eau, du chien, du cabri étaient les mêmes en Sara ».<br />

248 « Chez les Sahr vivant en territoire centrafricain, l’influence de l’Is<strong>la</strong>m et du Baguirmi n’a pas réussi à<br />

modifier les structures politiques traditionnelles. Alors que les groupes Sara du Tchad (...) se dotent d’un mbang<br />

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