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affectèrent l’association semalì vouée à Ngako<strong>la</strong>, seront assumés comme des indices qui nous<br />

guideront dans l’exploration de ces reconfigurations culturelles.<br />

Ici, nous préférons nous arrêter sur un épisode qui s’inscrit dans ces procédés de<br />

réinvention de <strong>la</strong> tradition, et successivement de feedback, que nous avons déjà rencontrés<br />

plus haut. Au cours de nos enquêtes de terrain nous avons recueilli des témoignages oraux à<br />

propos du soi-disant « résistant banda » Baram Bakie, un chef du groupe Banda Vidri qui au<br />

début du XX siècle se serait opposé militairement à <strong>la</strong> traite musulmane et à l’exploitation des<br />

Compagnies Concessionnaires. À Bria, ville située dans <strong>la</strong> Préfecture de <strong>la</strong> Haute-Kotto, 210<br />

kms au nord de Bambari, une école portait le nom du chef Banda Vidri. À Bambari, en 2006,<br />

on nous a montré une bande dessinée produite in situ qui retraçait l’histoire de ce<br />

« mouvement de résistance », jusqu’à sa défaite par les Français et à <strong>la</strong> déportation de Baram<br />

Bakie à Libreville, en 1910. À l’Université de Bangui, finalement, de nombreux Mémoires de<br />

maîtrise en Histoire que nous avons consultés se proposent de retracer l’histoire de<br />

ce « héros » banda et de son mouvement de résistance face à <strong>la</strong> pénétration française 49 .<br />

Les événements historiques autour de Baram Bakie on fait l’objet d’une<br />

mystification : ce dernier est progressivement devenu un héros et un résistant anticolonial,<br />

alors que ses réelles activités – entre 1901 et 1906 – comprirent le commerce de l’ivoire et du<br />

caoutchouc avec <strong>la</strong> Compagnie Concessionnaire « La Kotto », de <strong>la</strong>quelle il reçut en échange<br />

des armes et des munitions. Fort de cette supériorité militaire, Baram Bakie entreprit des<br />

razzias contre les groupes Banda Linda installés dans l’actuelle Préfecture de <strong>la</strong> Ouaka. À <strong>la</strong><br />

demande de <strong>la</strong> Compagnie, il organisa <strong>la</strong> répression dans les vil<strong>la</strong>ges Linda pour augmenter<br />

les livraisons des produits. Baram Bakie et ses hommes, abondamment armés, consolidèrent<br />

leurs positions en s’organisant dans des camps fortifiés installés près des principales villes de<br />

<strong>la</strong> région : d’ici ils entretinrent des re<strong>la</strong>tions commerciales avec les marchands d’esc<strong>la</strong>ves du<br />

nord et avec les hommes de <strong>la</strong> Compagnie « La Kotto ». Le modèle de ces camps fortifiés<br />

était manifestement emprunté aux zariba, les fortifications que les Khartoumites instal<strong>la</strong>ient<br />

le long des principales routes commerciales pour défendre le commerce d’esc<strong>la</strong>ves (Cordell,<br />

2002). En 1910, <strong>la</strong> « reconquête » de <strong>la</strong> Haute-Kotto, après l’« insurrection » de Baram Bakie<br />

























































<br />

49 Nous avons déjà cité <strong>la</strong> Thèse de Doctorat de M. Emmanuel Poubangui, Les résistances banda de l’actuelle<br />

République Centrafricaine devant les invasions étrangères de 1830 à 1930. Malheureusement, ce travail<br />

n’apporte aucun éc<strong>la</strong>ircissement scientifique à propos des stratégies de résistance mises en p<strong>la</strong>ce par les<br />

popu<strong>la</strong>tions banda face à <strong>la</strong> pénétration des esc<strong>la</strong>vagistes et des Européens. Par contre, nous reconnaissons à ce<br />

travail de recherche une valeur « ethnographique » : autrement dit, il s’agit d’un témoignage qui – à côté des<br />

données que nous avons recueillies pendant nos enquêtes de terrain – participe d’un discours local (centrafricain,<br />

en l’occurrence) sur le passé, et contribue ainsi à délinéer <strong>la</strong> « rhétorique » de <strong>la</strong> dépossession que nous allons<br />

interroger dans notre étude.<br />

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