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Consulter le texte intégral de la thèse - Université de Poitiers

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3.2 Prise <strong>de</strong> conscience du stéréotype du migrant napolitain<br />

L’engagement politique n’est pas <strong>le</strong> seul fait marquant <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> qui va permettre à<br />

l’homme <strong>de</strong> se reconstruire. Cet engagement s’accompagne <strong>de</strong> douloureuses prises <strong>de</strong> conscience<br />

qui vont éga<strong>le</strong>ment marquer son écriture. Cel<strong>le</strong> qui concerne <strong>le</strong> stéréotype du migrant nous paraît<br />

une <strong>de</strong>s plus intéressantes à étudier. Commençons par en fixer <strong>le</strong> con<strong>texte</strong>. Nap<strong>le</strong>s est une vil<strong>le</strong><br />

gran<strong>de</strong> ouverte sur <strong>la</strong> mer Méditerranée, un port <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> envergure. De partout dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>, on<br />

fréquente ce port, on fait esca<strong>le</strong> dans cette superbe baie p<strong>la</strong>ntée entre <strong>le</strong> Vésuve et <strong>le</strong>s î<strong>le</strong>s<br />

volcaniques. Erri De Luca qui observe <strong>le</strong>s Américains se promener dans sa vil<strong>le</strong>, dit : « Napoli non<br />

è una città per turisti » 1 . Il a en mémoire <strong>le</strong>s milliers <strong>de</strong> Napolitains qui sont partis émigrer en<br />

Amérique, non pour découvrir un autre mon<strong>de</strong> mais pour survivre. Il fait partie <strong>de</strong> ces hommes-là,<br />

lui qui a parcouru <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>, non en touriste, mais à <strong>la</strong> recherche d’une vie nouvel<strong>le</strong> où <strong>le</strong> travail<br />

serait simp<strong>le</strong>ment possib<strong>le</strong> :<br />

Non sono un viaggiatore e nel<strong>la</strong> mia vita mi sono spostato per necessità, per un <strong>la</strong>voro là dove spuntava, e <strong>le</strong> città<br />

erano gli indirizzi <strong>de</strong>i cantieri 2 .<br />

Erri De Luca a donc conscience d’être un migrant comme <strong>le</strong>s autres. Mais se définir ainsi,<br />

n’est-ce pas aussi adhérer à toutes <strong>le</strong>s images surfaites que véhicu<strong>le</strong> cette appel<strong>la</strong>tion ? N’est-ce pas<br />

éga<strong>le</strong>ment participer à maintenir <strong>le</strong> « mythe » du migrant, quitte à <strong>le</strong> transformer ? Nous allons<br />

d’abord retracer <strong>le</strong> voyage itinérant qui mène Erri De Luca <strong>de</strong> l’Europe à l’Afrique et étudier<br />

comment, même éloigné <strong>de</strong> sa vil<strong>le</strong> nata<strong>le</strong>, il y revient sans cesse par son travail d’écriture. Nous<br />

verrons ensuite <strong>de</strong> quel<strong>le</strong> manière il donne au qualificatif <strong>de</strong> « migrant » ses <strong>le</strong>ttres <strong>de</strong> nob<strong>le</strong>sse et<br />

dépasse ainsi sa propre condition ; en s’engageant dans un nouveau combat, il veut faire prendre<br />

conscience <strong>de</strong> ce qu’est <strong>le</strong> statut <strong>de</strong> ceux qui franchissent dans <strong>de</strong> frê<strong>le</strong>s embarcations <strong>la</strong><br />

Méditerranée, ceux qui sont <strong>le</strong>s migrants d’aujourd’hui.<br />

3.2.1 Le mô<strong>le</strong> Beverello<br />

Dans <strong>la</strong> représentation <strong>de</strong> ce qu’est <strong>le</strong> « migrant » il faut rappe<strong>le</strong>r <strong>le</strong> souvenir ancré dans<br />

l’inconscient col<strong>le</strong>ctif du Sud <strong>de</strong> l’Italie et pour ce<strong>la</strong>, situer <strong>le</strong> mô<strong>le</strong> Beverello à Nap<strong>le</strong>s. Erri De<br />

Luca en par<strong>le</strong> comme d’un lieu symbo<strong>le</strong> puisque c’est <strong>de</strong> là que partaient <strong>le</strong>s Napolitains qui<br />

vou<strong>la</strong>ient rejoindre <strong>le</strong>s Etats-Unis. Ce mô<strong>le</strong> représente beaucoup pour lui. D’abord, cette jetée lui est<br />

familière <strong>de</strong>puis tout petit, lorsque pour échapper au vicolo, il s’y promenait à <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> cet air<br />

marin qui lui était si cher, en compagnie <strong>de</strong> sa mère et <strong>de</strong> sa sœur ; il y a erré encore ado<strong>le</strong>scent et<br />

1 ERRI DE LUCA, Piemmediù, in Pianoterra, p. 20. Trad. (Nap<strong>le</strong>s n’est pas une vil<strong>le</strong> pour touristes)<br />

2 ERRI DE LUCA, Sul<strong>le</strong> tracce di Nives, op. cit. , p. 70. Trad. (Je ne suis pas un voyageur et dans ma vie je me suis<br />

dép<strong>la</strong>cé par nécessité, pour un travail là où il se présentait, et <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s étaient l’adresse <strong>de</strong>s chantiers)<br />

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