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Consulter le texte intégral de la thèse - Université de Poitiers

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SAL VA TO RE E E E … Mentre lo ripeto mi torna <strong>la</strong> pel<strong>le</strong> d’oca. Quel<strong>la</strong> donna sconosciuta ha cucito nel<strong>le</strong><br />

mie orecchie il nome di un estraneo e mi ha <strong>la</strong>sciato una cicatrice musica<strong>le</strong> nel<strong>la</strong> testa 1 .<br />

Dans ce cri bestial et atavique, nous voyons l’expression d’une autre thématique, cel<strong>le</strong> du<br />

voyage, que nous traiterons plus loin. Mais déjà, voyage et exclusion sont présentés comme liés.<br />

Erri De Luca, étranger dans sa vil<strong>le</strong> d’origine, a fréquenté <strong>de</strong>s étrangers, a séjourné à l’étranger, a<br />

écrit en <strong>la</strong>ngue étrangère (l’italien comme <strong>le</strong>s autres <strong>la</strong>ngues) et a traduit <strong>de</strong>s oeuvres étrangères en<br />

italien. Il choisit souvent, comme personnages <strong>de</strong> ses livres, <strong>de</strong>s exclus <strong>de</strong> toute nature 2 . Nap<strong>le</strong>s<br />

n’est-el<strong>le</strong> pas au fond une vil<strong>le</strong> pluriethnique 3 , conquise, détruite et reconstruite par <strong>de</strong>s étrangers ?<br />

4.3.3 Les sens entre exaltation et refus<br />

Se sentir étranger n’exclut pas <strong>de</strong> vouloir créer <strong>le</strong> lien avec ses origines. Erri De Luca se sert <strong>de</strong><br />

ses sens comme source inépuisab<strong>le</strong> d’inspiration pour retrouver <strong>le</strong> lien à sa vil<strong>le</strong> d’origine. C’est que<br />

Nap<strong>le</strong>s lui évoque mil<strong>le</strong> sensations tacti<strong>le</strong>s, lui fait savourer mil<strong>le</strong> o<strong>de</strong>urs, lui fait voir<br />

d’innombrab<strong>le</strong>s visages, lui murmure <strong>le</strong>s sons <strong>de</strong> son enfance, bref l’envoûte. L’écriture <strong>de</strong> Erri De<br />

Luca peut être qualifiée <strong>de</strong> sensitive et sensoriel<strong>le</strong> en ce qu’el<strong>le</strong> explore tous <strong>le</strong>s domaines <strong>de</strong>s sens :<br />

goût, odorat, ouïe, toucher, vue. À <strong>la</strong> manière d’une muse, Nap<strong>le</strong>s inspire l’écrivain : el<strong>le</strong> est<br />

matériel<strong>le</strong> par son tuf, aérienne par son ciel, coloriée et bruyante par sa mer, sensitive par son<br />

peup<strong>le</strong>, assourdissante par ses cris, à <strong>la</strong> fois parfumée et nauséabon<strong>de</strong>. Les bonnes comme <strong>le</strong>s<br />

mauvaises o<strong>de</strong>urs se répan<strong>de</strong>nt dans <strong>le</strong>s ruel<strong>le</strong>s sombres, se mê<strong>le</strong>nt à l’air marin, apporté par <strong>le</strong> vent<br />

du sud-ouest qui souff<strong>le</strong> jusqu’au sommet <strong>de</strong>s collines d’où l’on aperçoit <strong>la</strong> mer. À ces rappels <strong>de</strong><br />

1 ERRI DE LUCA, L’ultimo viaggio di Sinbad, op. cit. , p. 12. Trad. (SAL VA TO RE E E E … J’en ai encore <strong>la</strong> chair<br />

<strong>de</strong> pou<strong>le</strong> en <strong>le</strong> répétant. Cette femme inconnue a cousu dans mes oreil<strong>le</strong>s <strong>le</strong> nom d’un étranger et a <strong>la</strong>issé dans ma tête<br />

une cicatrice musica<strong>le</strong>)<br />

2 Non seu<strong>le</strong>ment dans Montedidio, mais encore dans Tre cavalli, où il évoque <strong>de</strong>s émigrés italiens, puis un kur<strong>de</strong><br />

écrivain par<strong>la</strong>nt ang<strong>la</strong>is (17), Selim, un Africain qui fait l’al<strong>le</strong>r retour entre son pays et l’Italie, un jeune homme créo<strong>le</strong><br />

(55), une auberge fréquentée par trois peup<strong>le</strong>s différents (25) sans compter <strong>le</strong>s pérégrinations du narrateur.<br />

3 Ainsi Erri De Luca développe à partir d’un thème personnel et douloureux un autre thème bien plus vaste qui nous<br />

amène à réfléchir sur l’i<strong>de</strong>ntité culturel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’Italie d’aujourd’hui et sur l’appartenance non pas à une seu<strong>le</strong> culture, et à<br />

un seul peup<strong>le</strong>, l’Italie, mais à une société pluricommunautaire car méditerranéenne. Voir à ce sujet <strong>le</strong>s très justes<br />

réf<strong>le</strong>xions <strong>de</strong> Attilio Scu<strong>de</strong>ri en citant Cassano. ATTILIO SCUDERI, Erri De Luca, op. cit. , p. 66. “La scrittura e <strong>la</strong><br />

<strong>le</strong>ttura, il confronto con lingue e culture diverse, son quindi il modo - per dir<strong>la</strong> con Cassano - di «pensare <strong>la</strong><br />

frontiera» <strong>de</strong>l Mediterraneo, e insieme di ripensare <strong>la</strong> notra unicità cultura<strong>le</strong>” Trad. (L’écriture et <strong>la</strong> <strong>le</strong>cture, <strong>la</strong><br />

comparaison avec <strong>de</strong>s <strong>la</strong>ngues et <strong>de</strong>s cultures différentes, sont donc <strong>la</strong> manière - comme dit Cassano - <strong>de</strong> « penser <strong>la</strong><br />

frontière » <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée et <strong>de</strong> repenser à <strong>la</strong> fois notre unicité culturel<strong>le</strong>)<br />

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