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Consulter le texte intégral de la thèse - Université de Poitiers

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Lui mi <strong>de</strong>tte <strong>la</strong> sua mano <strong>le</strong>nta, distratta. Badavo al<strong>le</strong> mani <strong>de</strong>gli uomini, a come <strong>le</strong> porgevano, ai calli, a come <strong>le</strong><br />

intrecciavano in stato di riposo : forme in cui provavo a riconoscere il carattere 1 .<br />

En définitive, ce sont tous <strong>le</strong>s récits <strong>de</strong> l’écrivain qui peuvent s’interpréter à <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong> cette<br />

image particulière du corps. On pourrait croire qu’il s’agit là encore d’un autre mythe qui viendrait<br />

se surajouter à tous <strong>le</strong>s autres. Il ne faut pas s’y tromper. Ce mythe-là n’a rien à voir avec <strong>le</strong>s autres,<br />

déjà exploités par ces prédécesseurs et par lui-même, mythes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Nap<strong>le</strong>s bourgeoise ou <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Nap<strong>le</strong>s canail<strong>le</strong>. Il n’a rien à voir non plus avec ce que propose <strong>la</strong> religion catholique quant à <strong>la</strong><br />

transfiguration du pain en Chair du Christ. Sans doute, sans inspire-t-il. Cependant, nous voyons<br />

plutôt dans cette transfiguration du corps par l’écrivain, l’expression <strong>la</strong> plus personnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> sa<br />

créativité. Dans cette représentation <strong>de</strong> ce qu’est <strong>la</strong> vie humaine, tout <strong>de</strong>vient matière à sculpter, en<br />

y imprimant sa marque personnel<strong>le</strong>; <strong>le</strong> corps est matière sur <strong>la</strong>quel<strong>le</strong> on peut travail<strong>le</strong>r autant que <strong>la</strong><br />

page b<strong>la</strong>nche est matière à s’exprimer. Pas seu<strong>le</strong>ment pour dire ce que l’on est ou ce qu’est <strong>la</strong><br />

réalité, cel<strong>le</strong> qu’on voit ou croit voir, cel<strong>le</strong> qu’on interprète. Erri De Luca, par <strong>la</strong> mythification <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

chair, révè<strong>le</strong> <strong>la</strong> ligne directrice <strong>de</strong> toute son oeuvre, une ligne qui unifie, et qui n’en revient pas<br />

moins à exprimer <strong>la</strong> représentation qu’il se fait du réel, à <strong>la</strong> manière d’un artiste qui offre à nos<br />

yeux, ébahis par tant d’audace, l’image d’un mon<strong>de</strong> que nous n’aurions jamais osée rêver.<br />

4.3.12 Conclusion<br />

Nous voulons reprendre ici l’essentiel <strong>de</strong> ce que nous avons cherché à examiner dans ce<br />

chapitre. Nous sommes partie <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mots c<strong>le</strong>fs <strong>de</strong> l’écrivain pour tenter <strong>de</strong> caractériser ce<br />

qui faisait l’originalité <strong>de</strong> son écriture. Nous avons donc d’abord basé notre recherche sur un<br />

c<strong>la</strong>ssement systématique qui permettait <strong>de</strong> re<strong>le</strong>ver <strong>la</strong> récurrence <strong>de</strong>s termes à travers <strong>la</strong> production<br />

littéraire, en vou<strong>la</strong>nt c<strong>la</strong>sser ces termes en différents tab<strong>le</strong>aux, pour en préciser d’une part, <strong>le</strong><br />

domaine d’emploi sensoriel et d’autre par, <strong>le</strong> cadre spatiotemporel. De ces mots c<strong>le</strong>fs, nous n’ avons<br />

sé<strong>le</strong>ctionné et expliqué que quelques-uns, <strong>le</strong>s plus représentatifs, « estraneo », « colpo », « colpa »,<br />

« sangue », « stacco », « vuoto », « buio », « voce », « si<strong>le</strong>nzio », « solitudine », et « viaggio », et<br />

ce<strong>la</strong>, pour <strong>de</strong>s raisons qui tiennent à <strong>la</strong> longueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> présentation et à l’imbrication <strong>de</strong> ces mêmes<br />

thèmes. Cette présentation plus abrégée nous a permis <strong>de</strong> remonter à <strong>la</strong> genèse <strong>de</strong> l’écriture si<br />

originel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Erri De Luca en un voyage, qui s’est effectué pour nous aussi, à travers <strong>le</strong>s mots : <strong>le</strong><br />

premier « estraneo » est sans aucun doute <strong>le</strong> point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> ce voyage qui contient <strong>le</strong> suivant<br />

« distacco », celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> souffrance, qui engendre à son tour <strong>le</strong> « viaggio » <strong>de</strong> l’écriture, prolongé par<br />

<strong>le</strong> « vuoto, <strong>le</strong> « buio », <strong>le</strong> « si<strong>le</strong>nzio », « <strong>la</strong> voce » et <strong>la</strong> « colpa » <strong>de</strong> toutes ces années passées loin<br />

<strong>de</strong> Nap<strong>le</strong>s. A cette c<strong>la</strong>ssification systématique, nous avons voulu ajouter cel<strong>le</strong>, inc<strong>la</strong>ssab<strong>le</strong> selon nos<br />

critères, du thème <strong>de</strong> <strong>la</strong> souffrance du corps qui, à <strong>la</strong> <strong>le</strong>cture attentive <strong>de</strong>s récits, paraît généra<strong>le</strong>,<br />

sans qu’on puisse <strong>la</strong> répertorier dans un tab<strong>le</strong>au particulier puisqu’el<strong>le</strong> apparaît appartenant à tous.<br />

Or, ce thème nous a paru <strong>le</strong> plus significatif <strong>de</strong> tous. Il apporte à <strong>la</strong> <strong>le</strong>cture <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> Erri De<br />

Luca un éc<strong>la</strong>irage nouveau, non seu<strong>le</strong>ment unificateur, mais encore créateur d’unité <strong>de</strong> sens.<br />

1 ERRI DE LUCA, Odore: brioches e altri gaz, in I colpi <strong>de</strong>i sensi, op. cit. , p. 19. Trad. (Il me donna une poignée <strong>de</strong><br />

main <strong>le</strong>nte, distraite. Je faisais attention aux mains <strong>de</strong>s hommes, à <strong>le</strong>urs cals, à <strong>le</strong>ur façon <strong>de</strong> <strong>le</strong>s tendre, <strong>de</strong> <strong>le</strong>s croiser à<br />

l’état <strong>de</strong> repos : formes dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s j’essayais <strong>de</strong> reconnaître <strong>le</strong> caractère)<br />

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