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DE LA CONNAISSANCE & DE LA CROYANCE - Thomas d'Aquin en ...

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La<br />

vision<br />

<strong>en</strong><br />

Dieu<br />

122 BASES <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CONNAISSANCE</strong> ET <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CROYANCE</strong><br />

espèces, des modes indéterminés et universels, alors<br />

qu'il est l'être parfaitem<strong>en</strong>t déterminé et singulier.<br />

L'universel n'existe pas formellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Dieu, pas plus<br />

que dans la nature ou ailleurs ; et les universaux considérés<br />

dans l'intellect divin, sont les idées d'après lesquelles<br />

il a tout créé. La vue de Dieu ne serait donc<br />

jamais la vue de l'être universel.<br />

La seconde erreur serait de supposer que ces idées<br />

divines sont immédiatem<strong>en</strong>t visibles et saisies par notre<br />

intellect, suivant la célèbre hypothèse de la vision <strong>en</strong><br />

Dieu. Mais cette vision n'existe pas, comme <strong>en</strong> témoigne<br />

l'observation de nos consci<strong>en</strong>ces ; et elle ne peut exister,<br />

car, de l'aveu de tous, l'ess<strong>en</strong>ce divine est invisible.<br />

Or qui verrait les idées de Dieu verrait son ess<strong>en</strong>ce<br />

; l'ess<strong>en</strong>ce et les attributs de Dieu étant id<strong>en</strong>tiques.<br />

En outre, les idées divines ou plutôt l'idée unique de Dieu<br />

est trop synthétique et trop haute pour la nature de<br />

l'esprit humain, qui ne peut saisir la vérité totale que<br />

par fragm<strong>en</strong>ts infinitésimaux et par reflets indirects.<br />

Inutile à Dieu de nous la découvrir cette divine idée,<br />

car nous n'y compr<strong>en</strong>drions ri<strong>en</strong> ; la pleine lumière<br />

nous éblouirait ou nous frapperait de cécité, car, suivant<br />

la sage remarque d'Aristote 1 , notre vue, plus<br />

semblable à celle du hibou qu'à celle de l'aigle, nous<br />

empêche de fixer le soleil. Et il <strong>en</strong> sera ainsi, ajoute<br />

S. <strong>Thomas</strong>, tant que le regard de l'esprit humain sera<br />

appesanti par le poids d'un corps corruptible ; ce n'est<br />

qu'après la délivrance qu'il pourra se plonger directem<strong>en</strong>t,<br />

avec l'aide de la grâce surnaturelle, dans ce<br />

foyer de la vérité première, d'où rayonne spontaném<strong>en</strong>t<br />

toute connaissance 2 .<br />

Même <strong>en</strong> admettant comme possible cette vision de<br />

Dieu <strong>en</strong> cette vie, cette hypothèse serait <strong>en</strong>core nette-<br />

1. Aristote, Métaph., l. II, c. 36.<br />

2. Cf. S. <strong>Thomas</strong>, De Veritate, IX, 18, a. 1.

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