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DE LA CONNAISSANCE & DE LA CROYANCE - Thomas d'Aquin en ...

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Critique.<br />

276 BASES <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CONNAISSANCE</strong> ET <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CROYANCE</strong><br />

veut r<strong>en</strong>dre dans une langue étrangère ce qu'il p<strong>en</strong>se<br />

dans sa langue maternelle. Il <strong>en</strong> résulte que l'homme<br />

n'a pu inv<strong>en</strong>ter les signes, puisqu'il ne peut inv<strong>en</strong>ter<br />

sans p<strong>en</strong>ser, ni p<strong>en</strong>ser sans signes. Ici l'expéri<strong>en</strong>ce<br />

confirme le raisonnem<strong>en</strong>t, puisque nous voyons constamm<strong>en</strong>t<br />

la faculté de parler sans exercice, lorsque la<br />

faculté d'ouïr est sans activité. Il faut donc recourir à<br />

un autre être que l'homme, pour expliquer, non la faculté<br />

d'articuler, dont les animaux mêmes ne sont pas<br />

totalem<strong>en</strong>t privés, mais l'art de parler sa p<strong>en</strong>sée, particulier<br />

à l'homme seul et commun à tous les hommes...<br />

Depuis longtemps J.-J. Rousseau y a été conduit, <strong>en</strong><br />

discutant le roman absurde de Condillac : « la parole,<br />

dit-il, me paraît avoir été fort nécessaire pour inv<strong>en</strong>ter<br />

la parole ». Et de meilleurs esprits que le si<strong>en</strong>, Bonnet,<br />

Hugh-Blair, et Sicard,... p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t ou que le Créateur a<br />

communiqué à l'homme les élém<strong>en</strong>ts du langage, laissant<br />

à la société le soin de les développer, ou, ce qui<br />

revi<strong>en</strong>t au même, que le Créateur a fait l'homme parlant<br />

1 . »<br />

Ces prémisses sur la nécessité de la parole pour p<strong>en</strong>ser<br />

sont pour le moins contestables, et nous avons déjà<br />

montré au début de cet ouvrage que, sans la parole,<br />

l'homme p<strong>en</strong>serait malaisém<strong>en</strong>t, sans doute, mais il<br />

p<strong>en</strong>serait.<br />

Accordons toutefois cette nécessité à de Bonald, pour<br />

ne pas rouvrir une discussion inutile, s'<strong>en</strong>suit-il qu'il<br />

faille <strong>en</strong> conclure que l'homme n'ait pu lui-même découvrir<br />

le langage, et qu'il ait dû nécessairem<strong>en</strong>t être éduqué<br />

par son Créateur ? Nous ne le croyons pas davantage.<br />

Quelles que soi<strong>en</strong>t les raisons de haute conv<strong>en</strong>ance<br />

que l'on puisse alléguer, elles ne sont pas, à elles seules,<br />

démonstratives, sans le secours de nos Saints Livres.<br />

1. De Bonald, Législation primitive, I, ch. 2, p. 29.

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