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DE LA CONNAISSANCE & DE LA CROYANCE - Thomas d'Aquin en ...

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Le pari<br />

implicite<br />

de<br />

Newman<br />

296 BASES <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CONNAISSANCE</strong> ET <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CROYANCE</strong><br />

Mais au point de vue de la critique philosophique où<br />

nous nous plaçons, nous constatons que Pascal a posé<br />

le problème de la connaissance humaine, sans le résoudre<br />

aucunem<strong>en</strong>t. Sans doute, il désespère (ou semble<br />

désespérer) de la raison humaine, pour nous jeter dans<br />

les bras de la foi ; mais pour croire, il nous faut des<br />

motifs raisonnables de croire, sans lesquels la raison<br />

ne croira jamais ; et s'il y a des motifs raisonnables de<br />

croire, la raison doit avoir quelque critère pour les reconnaître.<br />

Or Pascal reste muet, sur ce point ess<strong>en</strong>tiel.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, malgré lui, il lui échappe un aveu. Voulant<br />

nous pousser à croire que notre intérêt est de parier<br />

pour Dieu, il nous propose des motifs raisonnables. Il<br />

reconnaît donc qu'il nous faut des motifs raisonnables<br />

pour croire à son pari. Puis il conclut ses raisonnem<strong>en</strong>ts<br />

<strong>en</strong> disant : « Cela est démonstratif ; et si les hommes<br />

sont capables de quelques vérités, celle-là l'est. »<br />

Il avoue donc non seulem<strong>en</strong>t qu'il nous faut des motifs<br />

raisonnables pour croire, mais <strong>en</strong>core que la raison<br />

humaine est capable d'<strong>en</strong> donner et d'acquérir la certitude,<br />

au moins sur le point qu'il discute.<br />

Que devi<strong>en</strong>t donc cette prét<strong>en</strong>due impuissance radicale<br />

de la raison, à jamais ri<strong>en</strong> connaître avec certitude ? Et<br />

ce doute désespérant des fidéistes pour toutes les certitudes<br />

rationnelles, s'il est intermitt<strong>en</strong>t, ne se détruit-il<br />

pas lui-même ?<br />

Tant il est vrai que l'homme, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t raisonnable,<br />

ne peut abdiquer sa raison pas plus que sa<br />

nature ; et qu'<strong>en</strong> essayant de raisonner pour la nier, il<br />

la proclame <strong>en</strong>core <strong>en</strong> lui r<strong>en</strong>dant hommage.<br />

Cet hommage involontaire à la raison, Newman a<br />

essayé de l'esquiver, <strong>en</strong> appuyant son propre pari moins<br />

sur la « raison raisonnante », dont il demeure jusqu'au<br />

bout l'<strong>en</strong>nemi personnel, que sur le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de l'expéri<strong>en</strong>ce<br />

mystique vécue.

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