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DE LA CONNAISSANCE & DE LA CROYANCE - Thomas d'Aquin en ...

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LE SUPRÊME MOTIF <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> CERTITU<strong>DE</strong> : L'ÉVI<strong>DE</strong>NCE 321<br />

r<strong>en</strong>t par un certain toucher, nous l'avons dit plus haut,<br />

il y aurait <strong>en</strong>core là pour la théorie subjective une<br />

contradiction interne qui nous donne droit de la rejeter<br />

au nom de la simple logique.<br />

Au contraire, est-il bi<strong>en</strong> logique, à l'exemple de<br />

M. Rabier, après avoir dénoncé l'évid<strong>en</strong>ce comme un<br />

critère qui n'est pas sûr, de ret<strong>en</strong>ir quand même l'évid<strong>en</strong>ce<br />

comme unique critère, à la condition que cette<br />

évid<strong>en</strong>ce « soit de bon aloi ». « Il y a, dit cet auteur,<br />

deux sortes d'évid<strong>en</strong>ce, l'évid<strong>en</strong>ce avant la preuve, et<br />

l'évid<strong>en</strong>ce après la preuve. La première est souv<strong>en</strong>t<br />

aussi <strong>en</strong>tière que la seconde ; mais celle-ci seule fait<br />

foi 1 . »<br />

L'évid<strong>en</strong>ce ne suffit donc plus ; il faut <strong>en</strong> outre<br />

qu'elle s'appuie sur des preuves. Et l'auteur nous <strong>en</strong> cite,<br />

comme exemple, une multitude qui revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t toutes à<br />

une seule : l'accord de nos idées <strong>en</strong>tre elles, ou l'accord<br />

de nos jugem<strong>en</strong>ts avec nos idées, — formule qui sert de<br />

dernier refuge au subjectivisme. Mais un tel accord,<br />

purem<strong>en</strong>t subjectif, outre qu'il est incapable de nous<br />

ri<strong>en</strong> dire sur l'objet, d'où lui vi<strong>en</strong>dra sa valeur, sinon<br />

de sa propre évid<strong>en</strong>ce, et puisque l'évid<strong>en</strong>ce ne suffit<br />

plus, sans preuves ajoutées à l'évid<strong>en</strong>ce, voici que<br />

notre démonstration recule à l'infini, nous voici donc au<br />

rouet comme l'a très bi<strong>en</strong> dit Montaigne. « Pour juger,<br />

dit-il, il nous faudrait un instrum<strong>en</strong>t judicatoire ; pour<br />

vérifier cet instrum<strong>en</strong>t, il nous faut de la démonstration<br />

; pour vérifier la démonstration, un instrum<strong>en</strong>t :<br />

nous voilà au rouet... aucune raison ne s'établira, sans<br />

une autre raison : nous voilà à reculons, jusqu'à l'infini<br />

. »<br />

Non, il n'<strong>en</strong> peut être ainsi : l'évid<strong>en</strong>ce ne se prouve<br />

pas, elle se constate. Elle se pose et s'impose à la fois.<br />

1. Rabier, Ibid., p. 378.<br />

2. Montaigne, Essais, l. II, ch. 12.<br />

21<br />

L'évid<strong>en</strong>ce<br />

a-t-elle<br />

besoin de<br />

preuve ?

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