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DE LA CONNAISSANCE & DE LA CROYANCE - Thomas d'Aquin en ...

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<strong>LA</strong> RÉDUCTION <strong>DE</strong>S CRITÈRES EXTRINSÈQUES 297<br />

Comme l'apologétique de Pascal, celle de Newman, <strong>en</strong><br />

effet, a, elle aussi, son pari, qui pour n'être pas explicite<br />

n'<strong>en</strong> demeure pas moins réel et même fondam<strong>en</strong>tal 1 .<br />

Pour Newman, aussi bi<strong>en</strong> que pour Pascal, « nous<br />

sommes embarqués », et il nous faut pr<strong>en</strong>dre un parti.<br />

Or, <strong>en</strong> l'abs<strong>en</strong>ce de tout parti certain, la certitude n'étant<br />

plus possible, ils se décid<strong>en</strong>t l'un et l'autre, non<br />

pour le parti qui prés<strong>en</strong>te le plus de chances de vérité ;<br />

— ce qui serait <strong>en</strong>core raisonnable, — mais pour celui<br />

qui a le plus de chances de nous r<strong>en</strong>dre heureux. Le<br />

problème impersonnel de la vérité religieuse est ainsi<br />

transformé, comme on l'a très bi<strong>en</strong> dit 2 , <strong>en</strong> problème personnel<br />

de vie bi<strong>en</strong> heureuse à gagner. Au critère du vrai,<br />

ils substitu<strong>en</strong>t pareillem<strong>en</strong>t celui de l'intérêt privé.<br />

Il est vrai qu'<strong>en</strong>tre les deux paris, on pourrait relever<br />

des différ<strong>en</strong>ces nombreuses et importantes. Le parieur<br />

de Pascal n'aspire qu'à gagner le gros lot de la vie future<br />

bi<strong>en</strong> heureuse ; le parieur de Newman aspire, <strong>en</strong> même<br />

temps et tout d'abord, au bonheur de la vie prés<strong>en</strong>te par<br />

la satisfaction de ses besoins religieux ; et c'est précisém<strong>en</strong>t<br />

parce qu'il a déjà comm<strong>en</strong>cé à expérim<strong>en</strong>ter la<br />

réalité de ce bonheur dans la pratique de la religion<br />

chréti<strong>en</strong>ne, qu'il l'embrasse avec toute l'ardeur de sa<br />

foi. Aussi peut-on dire qu'il joue à coup sûr, au moins<br />

pour la vie prés<strong>en</strong>te, tandis que le parieur de Pascal risque<br />

tout pour un av<strong>en</strong>ir incertain.<br />

En outre, le pari de Newman est tout le fond de son<br />

apologétique, tandis que pour Pascal le pari est bi<strong>en</strong><br />

moins une apologétique complète, qu'un argum<strong>en</strong>t ad<br />

hominem à l'adresse du libertin, qui n'est s<strong>en</strong>sible qu'à<br />

1. Nous avons vu plus haut (p. 58) R<strong>en</strong>ouvier et les néo-criticistes<br />

transporter du domaine religieux au domaine purem<strong>en</strong>t philosophique<br />

et moral, ce pari de Pascal. Si l'on ne peut plus connaître la vérité,<br />

on est bi<strong>en</strong> réduit à parier pour ou contre.<br />

2. Cf. Baudin, Revue de philosophie, 1 er octobre 1906, p. 381.<br />

Différ<strong>en</strong>ces<br />

<strong>en</strong>tre les<br />

deux<br />

paris.

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