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DE LA CONNAISSANCE & DE LA CROYANCE - Thomas d'Aquin en ...

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On confond<br />

le<br />

vrai et<br />

l'utile.<br />

Pragmatismepurem<strong>en</strong>t<br />

utilitaire.<br />

68 BASES <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CONNAISSANCE</strong> ET <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CROYANCE</strong><br />

intellectuels de l'esprit sont-ils moins naturels que les<br />

besoins des instincts s<strong>en</strong>sibles ? Cet exclusivisme outré<br />

ne t<strong>en</strong>d ri<strong>en</strong> moins qu'à confondre le bi<strong>en</strong> des appétits<br />

avec le bi<strong>en</strong> de la raison, le bi<strong>en</strong> utile avec le vrai,<br />

malgré la distinction ess<strong>en</strong>tielle qui les distingue et les<br />

oppose.<br />

Est vrai ce qui satisfait l'esprit <strong>en</strong> lui donnant la certitude<br />

; ce qui ne satisfait que la s<strong>en</strong>sibilité ou les besoins<br />

du cœur est un bi<strong>en</strong> simplem<strong>en</strong>t utile et qui peut<br />

être faux. Un m<strong>en</strong>songe peut être utile ; un rêve, une<br />

chimère peuv<strong>en</strong>t satisfaire le cœur, <strong>en</strong> berçant notre<br />

vie, <strong>en</strong> calmant nos douleurs, <strong>en</strong> exaltant notre courage,<br />

<strong>en</strong> provoquant la fécondité de notre action. Il ne suffit<br />

donc nullem<strong>en</strong>t qu'une doctrine satisfasse le cœur pour<br />

qu'elle soit vraie ; elle est seulem<strong>en</strong>t démontrée utile à<br />

un besoin personnel ou social. Ainsi, par exemple, il ne<br />

suffit nullem<strong>en</strong>t que la p<strong>en</strong>sée de Dieu satisfasse mon<br />

cœur pour qu'il existe réellem<strong>en</strong>t, ni qu'elle cesse de lui<br />

plaire pour qu'il cesse d'exister. Le vrai et l'utile, quoiqu'ils<br />

soi<strong>en</strong>t si souv<strong>en</strong>t unis, ne seront jamais id<strong>en</strong>tiques.<br />

Le « dogmatisme moral » se résout donc, <strong>en</strong> fin de<br />

compte, <strong>en</strong> un pragmatisme purem<strong>en</strong>t utilitaire. La<br />

question de vérité ou d'erreur qu'il avait prét<strong>en</strong>du résoudre<br />

lui échappe et demeure hors de sa compét<strong>en</strong>ce ;<br />

il ne permet plus que de distinguer des utilités individuelles<br />

ou sociales 1 .<br />

Que si le pragmatisme se résout <strong>en</strong> une doctrine<br />

purem<strong>en</strong>t utilitaire, uniquem<strong>en</strong>t apte à satisfaire les<br />

besoins de notre nature (sauf les besoins de l'esprit),<br />

l'auteur anglais déjà cité a eu grandem<strong>en</strong>t raison d'<strong>en</strong><br />

1. Un auteur pragmatiste croit pouvoir s'appuyer sur « la vieille<br />

affirmation » du l'Ecole, dit-il : « verum et bonum convertuntur ».<br />

Malheureusem<strong>en</strong>t il cite <strong>en</strong> le défigurant un axiome classique, et lui<br />

fait commettre un énorme contre-s<strong>en</strong>s. Cf. Revue de Philosophie,<br />

1 er septembre 1906, p. 241.

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