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20-24 septembrie 2009 - Biblioteca Metropolitana Bucuresti

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844 Michaud Pierretradition d’hospitalité. En 1973, lors de mon premier séjour, la mêmehistoire s’est répétée plusieurs fois: une rencontre faite dans l’autobus ou letrain, la conversation qui s’engage et bientôt la personne rencontrée nouspropose de faire étape chez elle. Nous partageons le dîner de nos hôtes,discutons, puis, au moment d’aller dormir, ils nous cèdent leur chambre –parfois la seule de la maison – et vont passer la nuit dans une pièce voisine.Le lendemain matin, parfois, nous nous apercevons qu’ils ont dormi dansdes conditions rudimentaires et certainement peu reposantes. Il en fut ainsià Ieud, dans le Maramures, où nous avons été hébergés chez un meunier, safemme et leurs sept filles. La mamaliga servie au dîner était si abondanteque nous n’avons pu la finir.Trois ans plus tard, pendant les préparatifs d’un second séjour, j’aiappris qu’une loi récente interdisait aux Roumains d’héberger chez eux desétrangers, obligeant ces derniers à loger à l’hôtel. Le régime de l’époquen’avait pas hésité à s’en prendre à une tradition généreuse pour «grapiller»quelques devises de plus.*Ayant appris à l’Université que le Maramures était un isolat j’étais donccurieux de me rendre sur le terrain. Un soir d’août 1973, en descendant del’autobus qui nous avait amené à Ieud, j’ai eu pendant quelques instantsl’impression de me trouver fort loin de l’Europe qui m’était familière. Unefoule d’enfants courant et criant sous les frondaisons semblait indiquerque la transition démographique était loin d’être achevée dans ce village.Les maisons étaient en bois, tout comme l’église. On croisait des petitscochons noirs. Un enfant baignait sa vache dans la rivière. Il n’y avait pasl’électricité: au moulin où nous avons fait étape on s’éclairait avec deslampes à huile.En même temps, à côté des marques d’archaïsme, il était perceptiblequ’il n’y avait dans la vie de ce village rien de figé et que, là comme ailleurs,la modernisation était en marche. La mère de notre hôte – le meunier auxsept filles – nous raconta que, trois ou quatre décennies plus tôt, elle aussiavait eu sept enfants mais qu’un seul, le meunier, avait survécu. Les sixautres étaient morts en bas âge, emportés les uns après les autres par lamaladie. Elle en décrivait les symptômes, chaque fois les mêmes semblaitil,et disait le sentiment d’impuissance qui avait été le sien face à un malqu’elle ne pouvait pas même nommer puisqu’il n’y avait alors aucunmédecin au village ni dans les proches environs. A l’inverse, les sept fillesde notre meunier avaient toutes survécu et paraissaient en bonne santé: laplus jeune était encore un nourrisson et les plus âgées fréquentaient l’écoledu village.

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