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production de tabac a chuté de 63% entre 2000 et 2003 (Keraval, 2003) et aujourd’hui, lesrécoltes de maïs sont largement inférieures aux besoins nationaux (World Food Programme,2004).Pendant de longues années, l’espace agricole zimbabwéen était partagé principalement entre1) des fermes commerciales, situées sur les hautes terres centrales du pays, planes etcorrectement arrosées et identifiées comme des terres blanches lors de la période coloniale et2) des zones communales (communal land), anciennes réserves tribales, les plus peuplées,mais les moins arrosées et donc les moins productives (Gervais-Lambony, 1997). Au débutdes années 1990, l’Etat s’est efforcé de mettre en œuvre une réforme agraire, en nationalisantles propriétés de fermiers blancs désireux de vendre et créant de nouvelles zones agricoles, lesterres de réinstallation (resettlement areas). Sous couvert de cette politique de redistributiondes terres agricoles, le gouvernement a lancé en 2002-2003 une campagne accéléréed’expropriation des fermes commerciales occupées encore principalement par des fermiersblancs. Les expropriations et les violences ont désorganisé la production agricole,compromettant les exportations des récoltes de tabac et aggravant chaque année les déficits encéréales (Compagnon, 2000). La crise du secteur agricole explique en partie la grave criseéconomique que connaît le Zimbabwe depuis la fin des années 1990 (Hawkins, 2001).La crise politique qui touche le Zimbabwe depuis les années 1990 n’a pas seulementaffecté le secteur agricole mais l’ensemble du potentiel productif du pays. Le gouvernement aadopté en 1991 puis en 1996 plusieurs programmes d’ajustement structurel économique telsque proposés par le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale, avec pourprincipaux objectifs la réduction substantielle des dépenses gouvernementales, lalibéralisation du commerce et la dérégulation de l’économie. Au cours de la dernièredécennie, seulement une partie des politiques d’ajustement prévues ont été mises en œuvre, etle Zimbabwe est aujourd’hui un pays largement endetté, menacé d’exclusion du FMI en 2004.Le pays a connu une inflation annuelle de plus de 600% en 2003 (Keraval, 2003), stabiliséeaujourd’hui à près de 150% (Vassiliades, 2005). Le taux de croissance économique est négatifdepuis 2000 (Keraval, 2003).La crise économique et politique a gravement affecté la qualité des services publics. Depuisplusieurs années, le Zimbabwe fait face à des pénuries de médicaments et d’infirmières, delivres scolaires, à des retards dans le paiement des prestations sociales, à la sous-dotation des116