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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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moment même de sa manifestation, voire une sorte d’introjection psychologiqueinversée mais identique à la projection. L’« ostension » (et ses nouveaux dérivés) estune indication à rebours, l’idée de Gegenstand. La Verweisung, n’était-elle pas lastructure de l’ustensile, le rapport de simple-présence 1 ? Or, le <strong>fondement</strong> seraitobjectivé si compris en tant que cette rétro-référence ; non pas dans une « pro<strong>du</strong>ction »de deux entités phénoménales, mais dans une « fondation » des deux.Utiliser le <strong>fondement</strong> henryen de manière ostensive entraîne un double risque, quirevient, en effet, à « se servir » objectalement <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>, et à rendre impossible son<strong>phénomène</strong>.Premièrement, le risque est celui d’un objectivisme contre-intentionnel : une réintromissionde la structure intentionnelle, cette fois-ci de manière a-phénoménologique, allant paradoxalement vers l’origine. Une telle « intentionnalitéd’origine », absurde mais pourtant présente dans une utilisation ostensive <strong>du</strong><strong>fondement</strong>, serait une inversion de l’objet à l’acte de sa constitution, équivaudrait à une« idéalité de l’apparaître » destructrice de la phénoménalité originaire, si selonl’intentionnalité husserlienne « l’idéalité de l’objet est la seule thèse en mesure derendre compte phénoménologiquement de la “référentialité” constitutive de l’acteintentionnel 2 ». Dans ce premier cas d’ostension interne, relevable grammaticalementpar la forme passive des énoncés qui utilisent « fonder » ou ses autres « dérivés », noustrouvons phénoménologiquement, une idée d’« inhérence à l’origine » qui, endétruisant le fonder <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>, dissoudrait tout espoir de montrer le <strong>phénomène</strong> del’être. C’est ce qui se passe par exemple pour l’idée d’ « emprunter », dont nous enpressentons déjà l’équivoque sémantique : « c’est par un emprunt au corpstranscendantal et à l’être subjectif de l’ego que le corps objectif est ce qu’il est ». Et par« emprunt » il faut entendre « que la vie <strong>du</strong> corps objectif n’est pas la vie absolue, maisune représentation de celle-ci 3 ».Prenons un autre exemple : instaurer le <strong>fondement</strong> des deux phénoménalités (laphénoménalité de l’auto-apparaître et celle de l’être) « seul le peut une phénoménologiematérielle, une phénoménologie qui réfère chacun des concepts fondamentaux de laphénoménalité à l’actualisation et à l’effectuation de celle-ci […] pour autant que laphénoménologie ou même une ontologie phénoménologique se meut dans l’oubli decette référence principielle, elle demeure un pur conceptualisme 4 » (arrivant même à unhardiesse telle qu’une « rétro-référence » de l’ek-stériorité à l’origine, « rétroréférence» à son tour à comprendre comme « auto-référence 5 »). Ici, l’ontologiephénoménologique est plus digne d’une simple phénoménologie dès qu’elle montre le1. Cf. SuZ, § 17, p. [76] s.2. J. Benoist, Autour de Husserl. L’ego et la raison, Paris : Vrin, 1994, p. 308.3. PPC, p. 184-185 (cf. S. Laoureux, L’immanence..., op. cit., p. 132).4. GP p. 53, nous soulignons.5. M. Henry, « Intersubjectivité pathétique » (1991), J.-M. Brohm, J. <strong>Le</strong>clercq (éd.), Michel Henry, op.cit., p. 143 : le lexique emprunté à la sémiologie ne peut certes pas laisser indifférent.132

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