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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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d’évidente thématisation <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> (et elle ne serait pas possible) ni même (commepour l’ensemble de la phénoménologie et de la pensée contemporaine) un « problème<strong>du</strong> <strong>fondement</strong> »...En effet, Henry ne traitera pas vraiment <strong>du</strong> « <strong>fondement</strong> » si ce n’est en passant. Làoù Fink venait à justifier les lacunes involontaires de la phénoménologie, les présentantcomme les reflets nécessaires à la rencontre <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong> dans le langage, Henry, parla « Parole de la Vie », se maintiendra explicitement hors le miroir <strong>du</strong> monde. Henryabandonnerait en somme une phénoménologie <strong>du</strong> concept opératoire pour l’ensemblede sa philosophie afin de reconstituer une autre langue. Cela revêt une signification trèsprécise chez Henry. L’abandon de la possibilité même d’un concept opératoire impliqueen effet moins l’éclaircissement de tous les termes utilisés que la négation explicite quece dévoilement progressif soit « fondamental » pour la manifestation <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong>.Pour reprendre une image kantienne, le caractère ombrageux de la finitude a transforméle réveil <strong>du</strong> sommeil dogmatique en somnolence phénoménologique : pour un lecteurhenryen, il s’agit donc moins de prétendre se réveiller en sursaut (en s’alignant ou non àla pensée de Henry) que de soigner une narcolepsie désormais confon<strong>du</strong> par un état deveille.<strong>Le</strong> terme de « <strong>fondement</strong> » ne désigne ni une classe de <strong>phénomène</strong>s ni un existentialni même une des « catégories expérientielles 1 ». Selon Henry, il n’y a pas de logiquetranscendantale qui « s’étendrait devant » le phénoménologue ou qui devrait êtreutilisée par lui. « Pour cette raison précisément, parce qu’il s’est manifesté et que sondire s’est déjà dit, parce qu’il est le Logos originel dans son accomplissement, celui-ci,l’être originel <strong>du</strong> Logos, refuse le langage <strong>du</strong> monde et peut le refuser comme ce enquoi, tel qu’il se montre en lui-même et tel qu’il est, il ne peut se montrer ni être 2 . » <strong>Le</strong>sambivalences de la phénoménologie sont maintenant contredites pour autant qu’ellessont prises de front, interpellées comme telles, et recon<strong>du</strong>ites à un <strong>fondement</strong> plusoriginaire, un <strong>fondement</strong> qui fonde ce qui est par sa manifestation, une relative altéritéde l’être à l’apparaître.Son opposition à l’ambiguïté de la phénoménologie a porté Henry à penser le<strong>phénomène</strong> et le <strong>fondement</strong> lui-même dans l’immanence, en contredisant l’Abgrund <strong>du</strong>Grund heideggérien, le « lointain », la transcendance : « la transcendance repose sur1. N. <strong>De</strong>praz, Lucidité <strong>du</strong> corps, Dordrecht - Boston - London : Kluwer, 2001, p. 227.2. EM, p. 688. Pour ne proposer qu’une citation visant l’essentiel de la question d’une impossibleopérativité des concepts de la phénoménologie matérielle, qui se propose de révéler immédiatement cequi a déjà été dit (et qui donc n’appartient pas à un dévoilement progressif propre à la réflexion) : « c’estdonc une erreur absolue, un contresens ontologique total que de prétendre justement saisir dans la pensée,à l’intérieur <strong>du</strong> pouvoir de compréhension qu’elle met chaque fois en œuvre, le contenu de la révélationoriginelle <strong>du</strong> Logos, de telle manière que ce qui est dit dans ce contenu, ce contenu lui-même commecontenu manifeste, se trouverait subordonné à un acte de compréhension et à son libre mode deréalisation, ne serait plus rien d’autre qu’un contenu dépendant, un signe si l’on veut, mais dont toute lasignification constituée dans la vie de la conscience et par elle, lui viendrait de celle-ci, lui viendrait denotre pensée » (EM, p. 689-690).52

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