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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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eprésentation. La lecture de la Critique filtrée par celle <strong>du</strong> Kantbuch aide Henry à allerdans la direction d’un temps créateur d’une distance des affections, et finalement àélaborer la critique suivante : « le temps n’est pas seulement identique à l’essence de lamanifestation comprise comme l’objectivation, il apparaît en fait comme ce qui fondecet acte d’objectivation dans sa possibilité la plus ultime 1 ». C’est Heidegger qui pensele temps comme ce qui assure la possibilité de l’ob-jectivation, la mise à distance desobjets, la perception de quelque chose en général. Si l’objectivation constitue l’essencede la manifestation pour le kantisme, Heidegger nous apprend à penser le temps commel’essence de l’essence de la manifestation. Henry le cite lui-même à ce propos : « lemoi, en formant originairement le temps, c’est-à-dire comme temps..., forme la naturede l’objectivation et son horizon 2 ». Il y a donc un glissement qui, tout en maintenant uncertain degré de pertinence quant à la direction que prendra le kantisme dansl’Analytique transcendantale, représente déjà la refonte originale <strong>du</strong> transcendantalisme<strong>du</strong> philosophe de Königsberg. Entrevoir une homogénéité entre le « moi » et le tempsfut même l’une des intuitions les plus profondes <strong>du</strong> Kantbuch. Il est normal alors queHenry, qui connaissait sûrement ce dernier mieux que la Critique, ait pu affirmer querésoudre le problème <strong>du</strong> temps aurait porté à démasquer le procès qui met en acte toutobjectivation, et qui est l’identification <strong>du</strong> temps au moi, l’origine la plus profonde del’ef<strong>fondement</strong>.L’auto-affection contre le temps, emblème de toute « structure » figéeet vide de phénoménalité.Enfin, une refonte décisive à l’identification moi = temps (analogue à celle deDasein = Zeitlichkeit) se doit d’exclure d’entrée de jeu toute mise-en-forme, ou touteex-position formelle, tout ordonnancement. Autrement dit, l’incompréhensionhenryenne <strong>du</strong> formalisme kantien pourrait être battue en brèche, grâce à la refonte <strong>du</strong>temps, par une pensée où la formalité resterait inconcevable voire inutile.La collision la plus évidente concerne la notion d’auto-affection : chez Henry, elleest, <strong>du</strong> moins dans ses lignes générales, facilement intelligible. À travers ce rejet sansappel de toute représentation ou « pensée » (en tant que Vor-stellung, « position pardevers » d’un contenu transcendant), elle se présente comme une immanence, une autodonationpure et absolue dans son Fond.<strong>De</strong> nouveau, il ne pourrait pas y avoir de plus grande étrangeté à l’horizonphilosophique et historique <strong>du</strong> kantisme, puisque ce dernier, en prenant comme gardefoula finitude humaine, ne peut pas envisager une introtromission de l’absolu dansl’acte transcendantal de connaissance. La connaissance est toujours un mélange de1. EM, 228.2. KM, 248, cité par EM, 228 (italiques de M. Henry).253

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