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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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<strong>Le</strong> principe de la phénoménologie – « autant de ré<strong>du</strong>ction, autant de donation » –,aussi fondamental qu’il reste, n’a rien d’un <strong>fondement</strong>, ni même d’un premier principe. Iloffre plutôt un dernier principe – le dernier parce qu’il ne précède pas le <strong>phénomène</strong>,mais s’ensuit et lui laisse la priorité. <strong>Le</strong> dernier principe prend l’initiative de rendre lapriorité au <strong>phénomène</strong>. Il commente l’acte par lequel ce qui se montre se donne et ce quise donne se montre toujours à partir <strong>du</strong> soi irré<strong>du</strong>ctible et premier de l’apparaître 1 .La position marionienne ne pourrait être plus explicite pour se poser contre le<strong>fondement</strong>, tout en gardant un caractère ultime, modéré dans ses prétentions« absolutistes » par la formalité <strong>du</strong> « principe de la phénoménologie » qui ne ferait quelaisser l’espace au <strong>phénomène</strong>.Il ne fait pas de doute que celle-ci, même sans se configurer comme telle, est unecritique à la position henryenne, sans doute la plus forte des trois formulées. Et celaparce que, derrière l’enseignement henryen sur l’origine, et de manière légitime etsincère, sans « appartenance » à une autre phénoménologie, se cèle un dépassementsous-jacent et original. Et les deux peuvent très difficilement se tenir ensemble, pourautant qu’elles visent simultanément la même source, l’« originaire » à la base de larecherche philosophique. C’est une critique patente et, en même temps, tacite,puisqu’elle part <strong>du</strong> point de vue, qui doit beaucoup à Henry, de l’inconditionné enphénoménologie compris à partir de sa phénoménalité et non pas à partir d’unrapport-au-monde à décrire en termes intentionnels. La dette à Henry est toutefois viterecouverte vite oublié puisque : « de ce procès [de donation originaire <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong>],le Je se fait le greffier, le destinataire ou le patient, mais presque jamais l’auteur ou lepro<strong>du</strong>cteur ; ainsi, la figure métaphysique et subjective de la transcendantalité subit iciun renversement pour la première fois définitif 2 ».La tentation serait d’évaluer de prime abord le différend évident qui se joue entrel’auto-donation henryenne et l’adonné marionien, comme il a été fait par le travail de V.Moser (qui constitue la seule tentative dans ce sens, bien que celle-ci dégage une uniondes deux phénoménalités, l’« auto-hétéro-donation »). Ce différend commence à seconstituer véritablement seulement à partir de 1991, dans un court article publié,comme par hasard, dans la même revue (dédié au débat sur Ré<strong>du</strong>ction et donation luimême)dont faisait partie de l’article de Henry « Quatre principes de laphénoménologie » : « l’écart entre appel et moi/je qu’il surprend – le retard <strong>du</strong> mesurpris sur l’appel toujours déjà lancé marque l’unique origine de la différence, ouplutôt l’origine comme différence 3 . » Comme il est facile de relever d’un point de vuestrictement henryen, c’est l’origine comme écart à pouvoir permettre de déstabiliserl’ipséité <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> (l’« appel » chez J.-L. Marion sera in(dé)finiment autre que saréponse). <strong>Le</strong>s véritables enjeux de ce débat se sont joués, d’un seul coup, en 1989 –dans ce « dialogue », à peine entamé, qui concernait le statut méthodologique de1. Ibid., p. 30.2. Ibid.3. J.-L. Marion, « <strong>Le</strong> sujet en dernier appel », Revue de métaphysique et de morale, 1, 1991. p. 92.266

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