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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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<strong>De</strong>s considérations analogues peuvent être faites au sujet de Heidegger (bien qu’ellesn’y colleraient pas tout à fait), et de sa dynamique Grund-Abgrund. Si cette perspectivephénoménologique de Fink est valable transversalement, si le Grund est un conceptopératoire, et si Heidegger en 1929 se meut dans un cadre encore phénoménologique, leGrund heideggérien serait donc, au mieux, la tentative de penser thématiquement leGrund et, pour ce faire, de ne pouvoir que le renverser en Abgrund.La théorie transcendantale de la méthode dans la forme très spécifique <strong>du</strong> « conceptopératoire dans la phénoménologie » de Fink assume deux fonctions ici : 1) elle rallieHusserl et Heidegger sur ce point, et 2) elle les approfondit en sens phénoménologique,en leur assignant le fond commun <strong>du</strong> monde. L’opérativité <strong>du</strong> « <strong>fondement</strong> devrait doncaider à développer ce qui est encore plus fondamental que le « <strong>fondement</strong> » pour unephénoménologie : l’intentionnalité et l’être par exemple. Fink s’intègre à la réflexionhusserlienne et heideggérienne sur le <strong>fondement</strong>, dans une véritable inversion des rôles,des statuts, des significations, entre le « <strong>fondement</strong> » et les concepts thématisés – et enmême il pose ce problème en tant qu’entièrement résolu dans la phénoménologie : « ladifférence significative entre thème et médium de compréhension a-thématique, àtravers et dans lequel le thème apparaît, est non seulement élaborée avec une grandeprécision et rigueur [par Husserl], mais elle est en même temps fixéeméthodologiquement 1 ». L’opératividté des concepts en phénoménologie ne seraitpossible qu’à travers une phénoménologie intentionnelle, une phénoménologie <strong>du</strong>monde. Ce qui a des conséquences non-négligeables pour une étude <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>,puisque cela reviendrait, en vertu de l’uniformité des attitudes husserlienne etheideggérienne, à couper d’avance une possible étude <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> en tant que tel.L’exposé de 1957 (qui reste dédié de part en part à Husserl), argumente que ladivision de la conscience entre « conscience naturelle » et « consciencetranscendantale » dès 1907 n’avait nullement en vue la formation d’une « languetranscendantale ». <strong>Le</strong> phénoménologue qui accomplit la ré<strong>du</strong>ction conserve un rapportà « l’attitude naturelle » qu’il ne peut pas outrepasser une fois pour toutes : non paspour se la laisser derrière son dos, mais pour la comprendre comme « configuration desens de la vie transcendantale formatrice de sens 2 ». Ainsi, les « esquisses »(Abschattungen), les actes de constitutions de l’objectivité intentionnelle, s’appliquentde manière similaire au travail même <strong>du</strong> phénoménologue : la thématisation d’unedifférence thème/opération se fait à partir <strong>du</strong> moment où la phénoménologie devientune reconstruction sous ré<strong>du</strong>ction de cette « schizophrénie méthodique », comme le ditFink, par où les phénoménologues s’éprouvent à la fois comme sujets mondains et à lafois comme sujets transcendantaux.Dans ce travail de mise en lumière, il n’est pas possible de s’abstraire, selon Fink, del’auto-référence des Abschattungen sur l’acte de pensée phénoménologique lui-même.1. Ibid., p. 158.2. Ibid., p. 165.49

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