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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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L’inspiration phénoménologique animant la philosophie de Michel Henry :<strong>fondement</strong> et immanence.Pascal affirmait déjà que « le manque de définition » était « plutôt une perfectionqu’un défaut [des choses], parce qu’il ne vient pas de leur obscurité, mais au contrairede leur extrême évidence 1 ». Ce <strong>phénomène</strong> n’est pas singulier dans l’histoire de laphilosophie : pour n’en citer que son meilleur exemple, jamais les termes éminents deεἶδος et de ἰδέα ne furent thématisés par Platon 2 .L’existence d’un concept opératoire dans la méthode phénoménologique n’est-ellepas la plus grande preuve de la possibilisation de la phénoménologie, de lacorrespondance entre le travail sur son propre langage et sur l’expérience <strong>du</strong> langage ?N’est-elle pas la preuve que ce qui fait de la méthode phénoménologique une sciencetranscendantale vaille aussi pour le travail singulier et « privé » <strong>du</strong> phénoménologue,n’est-elle pas le signe de la plus grande réussite de la phénoménologie pour autantqu’elle s’ouvre à la dé-couverte au monde dès lors qu’elle tente de s’auto-saisir, sonpropre langage s’agençant par une suite de clarifications, d’esquisses, de relances ? Eneffet, pour la phénoménologie <strong>du</strong> monde tout entière, l’existence des conceptsopératoires garantit même une preuve éminente de sa propre méthode, envisagée <strong>du</strong>point de vue de l’expression langagière et dont le phénoménologue est obligé de seservir afin de constituer le monde dans sa propre langue.Or, le « concept » de « <strong>fondement</strong> » tel qu’il apparaît soudainement et de manièreinatten<strong>du</strong>e dans le premier et plus important essai de Michel Henry (en 1963), élaborédans la solitude et sans que ne se fasse percevoir la véritable influence des étudesphénoménologiques postérieures à ce 1929, se posera en termes largementimprévisibles par rapport aux orientations de la phénoménologie d’alors.C’est justement parce que le <strong>fondement</strong> est une révélation que la philosophie estpossible, et cela en un sens bien déterminé, comme philosophie phénoménologique 3 .<strong>Le</strong> <strong>fondement</strong> est le <strong>fondement</strong> en lui-même en tant qu’il se révèle lui-même tel qu’ilest 4 .À travers le « <strong>fondement</strong> », c’est toute l’originalité de l’empreinte de Henry parrapport à la tradition phénoménologique antérieure qui se fait jour. Penser le<strong>phénomène</strong> dans sa « révélation », comme un <strong>fondement</strong>, reste un très grand paradoxeaussi bien pour le phénoménologue que pour le penseur contemporain : commentpourrait-il y avoir une « révélation <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> » ? <strong>De</strong> surcroît, Henry se rattacheraitsingulièrement à la position finkienne, mais en sens opposé : il n’y a pas, chez Henry,1. B. Pascal, <strong>De</strong> l’esprit géométrique, Paris : Flammarion, 1985, p. 75.2. « Aspect », « forme » : le vocable lui venait probablement de la médecine, comme « cadre clinique »d’une maladie, comme l’on dirait aujourd’hui3. EM, p. 55.4. EM, p. 668.51

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