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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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(me) semble », impersonnelle (la tra<strong>du</strong>ction pose un « il » impersonnel) : videor appelleavec encore plus de décision sur un « je » invisible, ausculté de son pronom réflexif, caril est le sujet (ici sous-enten<strong>du</strong>, comme c’est souvent le cas en latin).En tout cas, ce détail stylistique ne doit pas valoir plus que comme indicationgénérique. La stratégie henryenne dans Généalogie de la psychanalyse ne se base pas,dans ce premier virage « matériel », sur une égologie forte comme dans L’Essence de lamanifestation, mais sur l’opposition <strong>du</strong> videre au videor, le senti et la sentance en« opposition » fondationnelle : le <strong>fondement</strong> n’est pas un « lien » entre videor et videre,ni une « corrélation », certes, mais une fondation. Ce fut certainement une note decommentaire écrite par Alquié (dans l’édition des œuvres de <strong>De</strong>scartes publiée par sessoins) qui inspira à Henry cette lecture novatrice. Il le cite expressément : le videor« n’est pas la conscience réfléchie <strong>du</strong> voir, mais bien l’impression immédiate de voir 1 ».Mais chez Henry, ils ne sont jamais sur le même plan quant à leur valeur ontophénoménologique: le <strong>fondement</strong> ne peut s’offrir au regard d’un voir ultérieur sans unoubli de la validité de cette expérience.L’intueri, le voir, de l’entendement qui connaît la res extensa et ses propriétés [...] esten lui-même une cogitatio; il est donné à lui-même non plus comme un voir mais de lamême façon qu’une sensation, une tristesse ou tout autre passion : dans l’auto-fondationde la vie absolue 2 .<strong>Le</strong> cogito cartésien donc, en tant que cogitatio qui à son tour est un videor, peut doncêtre exprimée fondationnellement par l’oxymore (apparent) de cogito affectif, un sentir.Encore une fois, l’« être » et le « <strong>fondement</strong> » se tiennent en « relation » au purapparaître phénoménologique, à savoir à un videor. La formule de videre videor n’estrien d’autre que l’énonciation sous l’angle d’une formule contre-ré<strong>du</strong>ctive de l’onto (-)phénoménologie. À présent, il s’agit moins d’expliquer le sens <strong>du</strong> « tiret », que de lefaire « œuvrer » comme étant celui d’une « fondation » effective, d’une ré<strong>du</strong>ction quipuisse reconquérir clairement, dans ses limites, son altérité relative, l’être.Pour résumer, la fondation est pour Henry semble être moins une étude des« singularités sentantes » (comme au sujet <strong>du</strong> doute) que <strong>du</strong> pouvoir génétique de« fonder ». Cette posture fondamentale se présentera tout au long de cette TroisièmePartie.1. R. <strong>De</strong>scartes, Œuvres philosophiques, publiées par F. Alquié, Paris : Garnier, II, p. 422, n. 2, cité parGP, p. 28. Mais aussi un ouvrage <strong>du</strong> même auteur qui fut peut-être important pour Henry, La conscienceaffective, Paris : Vrin, 1979. Peut-être qu’il lui fraya la voie de son interprétation néo-cartésienne deFreud (car on retrouve des références à la psychanalyse). Voici une citation exemplaire, à la p. 125 de celivre d’Alquié : « nous ne croyons pas possible de séparer l’affirmation <strong>du</strong> "je pense" à la premièrepersonne, comme ego et comme sum, de sa saisie ontologique par la conscience affective ». Et encore :l’ouvrage de Alquié dit aussi souscrire aux acquis de la phénoménologie de L’Essence de lamanifestation sauf pour sa prétention au <strong>fondement</strong> (p. 20). Alquié en diffère en ceci : il ne prétend passéparer phénoménologiquement la vie <strong>du</strong> sujet de la « sensibilité ».2. I, p.151.342

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