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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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anachronique, de leur côté, les études historiques, littéraires et artistiques, à partir <strong>du</strong>moment où même la réflexion transcendantale « trouve le point de sa nécessité [...] dansl’existence muette [...] de ce non-connu à partir <strong>du</strong>quel l’homme est sans cesse appelé àla connaissance de soi » 1 , cherchent dans les faits historiques (désormais toujoursprojetés dans un « faire sien » les structures de compréhension <strong>du</strong> présent vers leurpropre avenir) et dans les œuvres un pluralisme des approches interprétatives ouvrant àde nouveaux agencements interdisciplinaires et à des nouvelles poétiques insoumises àla force d’une économie textuelle holistiquement déterminée, comme Barthes déjàl’avait prévu quant à l’ineffable <strong>du</strong> sourire dans une photographie de sa mère dansCamera obscura.<strong>De</strong> surcroît, dans le contexte philosophique contemporain surgit transversalement etavec insistance le rôle joué par la seconde nature, chez J. McDowell par exemple, quis’imprègne facilement des résultats croissants des études sur le langage, des structurescognitives et des expériences neurologiques. Au fond, s’approcher <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>, n’estilpas stipuler un compromis avec ce que le sens commun utiliserait encore et sansdifficulté aujourd’hui dans une époque qui n’aurait pas encore digérée la leçonhumienne sur la puissance de l’imagination – la gratuite nécessité, propre à l’esprit, depenser la connexion entre deux événements par un lien rationnel ? <strong>Le</strong> <strong>fondement</strong> est laprésence la plus ignominieuse de cette indifférence dans laquelle nous sommes destinésà succomber dans notre vie. Si l’on remplaçait « <strong>fondement</strong>s » par « raisons » ou« causes » (par exemple dans la phrase « raisons de mon choix »), on penseraitimmédiatement à ce décalage théorique, aussitôt poussant à se rappeler desenseignements de philosophie reçus à l’école – ou à s’empiéter dans le terrain desmaîtres-à-penser de quelques communautés spirituelles et/ou académiques.Dans ce creuset, le cas particulier de la phénoménologie demeure.Comme une pierre, tombée à l’eau, répand de plus en plus ses cercles concentriques,pendant qu’elle coule et disparaît dans les profondeurs marines, ainsi les modernesphénoménologues continuent à se mouvoir sur les vagues mues par la Begrün<strong>du</strong>ng etpar le Grund heideggérien comme Abgrund. <strong>Le</strong>s recherches phénoménologiques seveulent encore premières, concrètes, relançant la ré<strong>du</strong>ction ou l’événement de lamanière la plus « première » et la moins régionale possible. « Fondement » et sessynonymies recourent souvent nominalement, souvent opératoirement, sans que soitper<strong>du</strong>e la « hantise de l’origine ». <strong>Le</strong> plus souvent il recourt même comme uneantithèse acharnée, événement négatif, symptôme à partir <strong>du</strong>quel « se remettre » (selonl’heideggérienne Verwin<strong>du</strong>ng) de la maladie de la métaphysique, sans qu’il soit possiblele faire une fois pour toutes. Et si la leçon heideggérienne a appris à considérer le poidsall at once » (W. Sellars, Empiricism and the philosophy of mind (1956), Harvard University Press, 1996,p. 79).1. M. Foucault, <strong>Le</strong>s mots et les choses. Une archéologie des sciences humaines, Paris : Gallimard, 1966,p. 334.29

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