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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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apport avec d’autres étants 1 ». À ses antipodes, Henry pense l’apparaître commed’abord le surgissement de l’apparaître lui-même (= auto-apparaître) : la con<strong>du</strong>ction àcelui-ci se poursuit contrairement à comme avait été préfiguré par Husserl, « l’idéephilosophique de commencement » « doit se transformer en une idée toujours plusremplie et plus concrète et ainsi se dévoiler toujours plus clairement le sens concret dela philosophie 2 ». <strong>Le</strong> « <strong>fondement</strong> » parcourt non seulement textuellement l’œuvrehenryenne, mais s’agence directement (justement par le motif de l’immédiat) auproblème de l’apparaître de l’être, de la manifestation même d’un contenuintentionnellement visé, de la « rencontre » même <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong> de l’être.Nous avons signalé sa présence en 1963. <strong>De</strong> manière flagrante, néanmoins, Henryreprendra, au terme de sa trajectoire, les deux termes (ontologie et phénoménologie),dans Incarnation, l’ouvrage où le recul par rapport à ses propres positions et lasystématicité « finale » <strong>du</strong> propos s’unissent à l’effort de C’est moi la vérité pourpenser l’« Archi-intelligibilité » de la Vie (« la chair » qui « ne ment pas 3 »). Ici, il estdit pourtant, en reprenant ce que Henry désigna comme étant « premier » principe de laméthode phénoménologique (« soviel Schein, soviel Sein ») qu’« en dépit de cetteidentité supposée de leur essence, apparaître et être ne se tiennent nullement sur lemême plan : cette dignité, si l’on peut dire, n’est pas la même : l’apparaître est tout,l’être n’est rien 4 ».1. E. Fink, « L’analyse intentionnelle et le problème de la pensée spéculative » (1952), Proximité etdistance, op. cit., p. 120-121.2. Philosophie première, 2, op. cit., p. [22].3. I, p. 367.4. I, p. 42. J.-F. Lavigne commente ainsi : « la pensée de Michel Henry est phénoménologique.Intégralement, radicalement. En ce sens qu’elle fait sienne la thèse fondamentale qui caractérise, depuisHusserl, toutes les philosophies phénoménologiques : l’identité de l’être et de l’apparaître – ou plusprécisément, que l’être a pour origine et pour condition fondamentale l’apparaître ». L’ontophénoménologiese pose en creux de cette liaison dans une nouveau sens : ce que J.-F. Lavigne, sans luidonner la juste importance, nomme justement « fondamentale » – cette case recouvrant le passagepresque « automatique » entre les deux, où l’être peut se dire fondé, montré par l’apparaître. Mais sansune interrogation sur le sens de ce « fondamental », J.-F. Lavigne perd tout possible approfondissement.La suite laisse donc totalement indéterminée non pas seulement le lien entre être et apparaître en laissantimpensée pourquoi cet auto-apparaître doit prendre la forme d’un « <strong>fondement</strong> », et, de plus, pourquoi ilsemble aspirer à un rang originaire vis-à-vis de ce qui originaire n’est pas. La lecture de J.-F. Lavigne sepoursuit alors, intégrant la réflexion sur ce « fondamental » dans la direction, à notre avis discutable, dela Vie dans la seconde philosophie, en méconnaissance de la valeur donnée au <strong>fondement</strong> dans EM et enévitant une confrontation directe au <strong>phénomène</strong> <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> henryen. Lisons ces passages : « MichelHenry [énonce] d’emblée avec une magnifique clarté comme un principe ce qui fut longtemps la thèselaborieusement conquise de l’effort philosophique husserlien : l’être se laisse entièrement ré<strong>du</strong>ire à uneffet d’apparaître, il n’est que le pro<strong>du</strong>it dérivé (intentionnel) <strong>du</strong> processus originaire de l’apparaître.C’est pourquoi il peut être considéré comme phénoménologique dans son essence. Cependant, cettecondition première qu’est l’apparaître par rapport à son efficience ontologique requiert elle-même à sontour une condition […] l’apparaître de l’apparaître » (J.-F. Lavigne, « La matière vivante, ou la victoirede Berkeley », J.-M. Brohm, J. <strong>Le</strong>clercq (éd.), Michel Henry, op. cit., p. 196-197 pour les deux citations).Mais la liaison reste ici indéterminée, sans qu’on explique en quoi elle pourrait être, à la limite,indéterminable. Elle ne peut être pas compris comme une « liaison » (qui ne serait plusphénoménologique, sous peine d’un regressus ad infinitum : la liaison devrait à son tour être envisagéecomme un <strong>phénomène</strong> ou bien un effet de celui-ci...), ni comme une pro<strong>du</strong>ction d’un effet à partir d’une77

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