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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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noms. Bien plutôt, dans un procédé en tout semblable à la paléonymie chez <strong>De</strong>rrida, ilsmarquent plus facilement leur insertion dans une nouvelle pensée 1 .« Épiphanie » n’est pas un terme utilisé par Henry. Nous ne le reprenons pas nonplus chez Lévinas, cette « épiphanie <strong>du</strong> visage comme visage, [qui] ouvrel’humanité 2 . » L’épiphanie n’« ouvre » pas le <strong>fondement</strong>. Elle est bien plutôt de l’ordrede la « fulguration » dont nous avons parlé (et dont Henry parlait) au § 2. Mais elle étaitun peu vague.Nous lui préférons le terme d’épiphanie développé par Joyce. Dans Stephen Hero,son premier roman après la série des nouvelles recueillies sous le nom deThe Dubliners, « épiphanie » chez Joyce désigne une réalité seconde qui apparaît, àl’intérieur d’une scène, comme étant un moment parfait de ce qui se présente aux yeux<strong>du</strong> personnage (bien qu’il puisse exprimer une forte émotion, même négative). Larefonte de la transcendance chez Henry, le bouleversement des termes de la philosophiesur son propre <strong>fondement</strong>, est l’équivalent de la narration chez Joyce. La représentation<strong>du</strong> narrateurne le satisfera pas s’il ne transmet une révélation, s’il ne rejoint pas un pouvoirmanifestant [...]. La narrative c’est déjà altérée. [...] L’action est dans un certain sens ceflux qui s’établit entre l’apparaître et l’être. <strong>Le</strong> narrateur, le poète, ne concordera(consentirà) pas avec soi-même s’il n’est pas persuadé de posséder l’objet, jusqu’à ce ill’ait épiphanisé.<strong>De</strong>benedetti cite ensuite le critique Theodore Spencer, qui avait dit que l’épiphanieest « sans temps », hors mesure, puisqu’elle est toujours égale à elle-même 3 .Autrement dit, les « épiphanies » sont ces termes « bouleversées » à partir del’histoire de la philosophie (peu de termes nouveaux sont présentés), et pour la plupart,étonnement, de la métaphysique elle-même 4 , qui font éprouver le <strong>phénomène</strong> <strong>du</strong><strong>fondement</strong> selon sa capacité négative de résister à l’ef<strong>fondement</strong> : auto-affection,réceptivité, autonomie, absolu, travail... bref, pourrait-on dire, tous les termes, toutes lesnotions fondamentales (justement) <strong>du</strong> « lexique henryen ». Pourvu qu’on ne les entendepas comme des « vocables », des signes, mais comme, d’une manière similaire àl’immanence scotiste, comme des « notions » plurielles disant « univoquement » le<strong>fondement</strong> – voire, pour parler plus correctement, des manières de montrer l’uniphanie,à savoir la montrance <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong> <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> (dont nous parlerons dans le1. J. <strong>De</strong>rrida, Positions, Paris : Minuit, 1972, p. 96. <strong>De</strong>rrida explique qu’ainsi il est plus facile pour sestextes de communiquer avec d’autres textes.2. E. Lévinas, Totalité et infini, op. cit., p. 234.3. G. <strong>De</strong>benedetti, Il romanzo del Novecento. Quaderni inediti, Milan : Garzanti, 1971, p. 294. « By anepiphany he meant a sudden spiritual manifestation, whether in the vulgarity of speech or of gesture or ina memorable phase of the mind itself. He believed that it was for the man of letters to record theseepiphanies with extreme care, seeing that they themselves are the most delicate and evanescent ofmoments » (J. Joyce, Stephen hero, New York : New Direction Press, 1959, p. 216.4. On comprendra la facilité qu’ont les détracteurs de l’œuvre henryenne à le penser comme un pur ontothéologue.151

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