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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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Si donc <strong>fondement</strong> et apparaître ne sont pas A = B, à savoir réunis dans une distinctionréelle, il ne s’agit pas non plus d’un A = A, d’une totale identité (qui impliquerait uneinterchangeabilité immédiate : parler de <strong>fondement</strong> ou de phénoménalisation seraitparfaitement équivalent). L’apparition de l’être est en effet <strong>du</strong>e au <strong>fondement</strong> commeapparaître, mais, le savons-nous de manière immédiate : si pour A on entend le<strong>fondement</strong> et pour B le fondé, il faudrait dire A = A-B, puisque le <strong>fondement</strong> estl’apparaître pour autant qu’il laisse apparaître l’être comme phénoménologiquementdistinct en vertu <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> de son apparaître. Il s’avère alors nécessaire deconcevoir l’apparaître, en suivant Henry, comme apparaître pur : L’Essence de lamanifestation se prétend vraiment une recherche de l’essence de la manifestation 1 . <strong>Le</strong><strong>fondement</strong> fonde un fondé : le <strong>fondement</strong> est paratopique justement à cause de cepassage, en ce qui reste de fondamental dans ce passageOr, cela devrait déjà attirer sensiblement notre attention. Est-il possible de dégager« l’essence » de la manifestation de manière phénoménologique, selon une « pureté »de l’apparaître, et cela au même temps où il « fonde » l’être ? Et même : parler de« <strong>fondement</strong> » n’équivaut-il pas à nommer d’une autre manière l’essence de lamanifestation, en renforçant le glissement sémantique naïf mais évident entre« <strong>fondement</strong> » et « essence » ? <strong>Le</strong> « fondé » n’attire pas, à son tour, une nouvelleambivalence quant à son statut ? Si, en effet, le <strong>fondement</strong> fonde un fondé, celavoudrait dire que la relative altérité <strong>du</strong> fondé est ou bien (au sens fort) « réalisée »,« contenue » par le <strong>fondement</strong> (le <strong>phénomène</strong> pro<strong>du</strong>irait l’être, ou <strong>du</strong> moins l’effet del’être), ou bien (au sens faible) « éclairée » par celui-ci. Pour l’instant, nous pouvonsdire que le rapport <strong>du</strong> binôme <strong>fondement</strong>-fondé (le binome est tout ce qui va à deux etn’est pas assez immédiate ; mais il se situerait sur cette « prise au sérieux de l’immédiat » dont parlaitdéjà H. Maldiney contre Hegel (dans « La méconnaissance <strong>du</strong> sentir et de la première parole ou le fauxdépart de la phénoménologie de Hegel », Regard Parole Espace, Lausanne : L’Âge d’homme, 1973). Or,si la critique faite par ce dernier contre la représentation est par ce dernier envisagée à travers l’image dela systole-dyastole comme un cycle d’union-désunion entre <strong>phénomène</strong> et langage, et si, au contraire,l’originalité théorétique de Henry reformule l’immédiat à l’aune <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> et de son « fonder l’être »,c’est parce que l’immédiat coïncide d’avec le <strong>phénomène</strong> lui-même <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> – et non pas parce qu’ils’ouvrirait de manière « cardiaque » sur un langage (ou même immédiatement sur l’art au sens de H.Maldiney) comme médiateté immédiate. Il n’y a onto-phénoménologiquement que de l’immédiat : toutce qui est médiat appartient à une science <strong>du</strong> fondé, une science non-certaine et exclusivement formelle.Autrement dit, si la différence qui se joue entre Henry et Hegel (avant qu’entre Henry et l’école deFrancfort) trouve ici un terrain de confrontation nouveau, c’est parce qu’il inclut une difficulté propre àHenry, et qui ne semble envisageable (de manière féconde) qu’en passant par une interrogation sur le« <strong>fondement</strong> » : l’immédiat <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> est un immédiat <strong>du</strong> médiat de la visée. L’interrogation sur le<strong>fondement</strong> est la possibilité d’un tel rapport comme étant immédiat, mettant sur le plan médiat lamédiateté.1. Ou mieux sur « l’essence de la révélation », premier titre choisi pour l’ouvrage, et changé asseztardivement (juste avant son achèvement). Cf. « L’essence de la révélation : résumé analytique » (1962),dans J.-M. Brohm, J. <strong>Le</strong>clercq (éd.), Michel Henry, op. cit., p. 55 s., Ce premier titre aurait représentépeut-être une extrême radicalisation, qui n’aurait pas eu beaucoup de sens face à une « essence »(puisque la révélation est en effet l’essence de la manifestation sous son point de vuephénoménologique), en plus de sembler trop « religieux ». Sur les différences entre ces deux termes, trèsimportante, voir infra, § 14.80

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