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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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d’elle et trop fatigué de sa journée pour que sa concubine s’empare de son activitéinconsciente 1 . L’un permet de comprendre l’autre ; mais le mystère de cette distance, decette indéfinissable crise, doit être comprise justement dans les mots mêmes de lapoétesse, et non pas dans le sommeil de son amant.Si la paratopie nous a permis de nous approcher des textes henryens sans les penserpar les entre-renvois d’une textualité structurelle (en les ayant creusés <strong>du</strong> point de vue<strong>du</strong> « <strong>fondement</strong> », de cet anachronisme aux plus grandes limites ou au plus grandespotentialités de la Parole), « l’exposition philosophique » henryenne (pour parler encoreformellement) de la Parole se présente comme un retour inlassable sur la« fondamentalité » de l’apparaître, au rythme des vagues qui envahissent lesanfractuosités des rochers. Son « philosopher » est perçant sinon « térébrant 2 » :entièrement voué à la répétition d’un même thème – comme une musique qui n’arrêtepas de revenir, par des variations imperceptibles pour l’amateur, sur le même motifprincipal. Or, il est souvent ar<strong>du</strong> de reconnaître les différents mouvements de lasymphonie, si la mélodie principale est reprise avec peu de variations. S’initier à sonécoute 3 , à ce qui d’emblée peut pro<strong>du</strong>ire un plaisir tout comme son contraire, ne dépendque <strong>du</strong> leitmotiv et de ses déclinaisons.Ce passage à la « forme » <strong>du</strong> discours henryen pourrait surprendre, si l’interrogationinitiale doit maintenant dire le <strong>fondement</strong> à l’intérieur de son Dire, dans l’opposition aulangage <strong>du</strong> monde, tout en tenant compte qu’il doit vivre de et par la crise instauré entresoi-même et le fondé. Ne venons-nous pas de penser l’exposition <strong>du</strong> discours henryenproférant la Parole, et ne risquons pas là de l’envisager comme une expositionmondaine ?Or, pour le dogmatisme, enclavé dans le Dire, les termes d’« ego », de« <strong>fondement</strong> », de « soi », d’« auto-affection », bref tous ceux qui constituentl’ensemble de l’œuvre henryenne, semblent valoir l’un pour l’autre : ils suivent unetendance dont Henry nous a malheureusement lui-même initié aussi bien dans lespassages les plus polémiques que dans les plus triomphaux de son œuvre. C’est pourcela que, chez Henry plus que pour tout autre phénoménologue peut-être, un travail decommentaire analytique risquerait vite de transformer la térébrance en prêche, sanscompter le risque d’égarer le <strong>fondement</strong> pour autant qu’il constitue déjà un motif bienplus que sous-terrain chez Henry.1. W. Szymborska, « Je suis trop près... », <strong>De</strong> la mort sans exagérer, Paris : Fayard, 1996, p. 18 (« Je suistrop près. / Trop près. J’entends le claquement / je vois la gueule ouverte de ces deux mots / immobiledans ses bras. Il dort, / plus accessible maintenant à la caissière / entrevue autrefois dans un cirqueambulant / riche d’un seul petit lion, qu’à moi toute proche »).2. Mot de Jaspers que X. Tillette adressa déjà à Henry lui-même : « Michel Henry : la philosophie de lavie », Philosophie, 15, 1987, p. 3-20.3. Une « initiation au sentir » fut la belle définition <strong>du</strong> rôle de la « critique littéraire » <strong>du</strong> point de vue dela phénoménologie de la vie donnée oralement par un très jeune chercheur (Jérémy Lambert) à laquestion que nous lui avions posé (« une critique esthétique est-elle possible à partir de Henry ? ») lorsd’un colloque international qui s’est tenu aux Archives Henry de Louvain-La-Neuve en décembre 2010.145

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