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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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n’est pas (n’apparaît pas) sans être un <strong>fondement</strong> ; à son tour, le <strong>fondement</strong> n’est qu’unmot dicté par la volonté de chercher à tout prix une origine, si effondée soit-elle, s’iln’est pas considéré comme étant l’apparaître.Mais, nous avons aussi aperçu que le « terme » de « <strong>fondement</strong> » n’est pas, dans letexte henryen, très fréquent, même s’il permet, à lui seul, l’agencement de l’apparaître àl’être et l’intelligibilité phénoménal d’une opposition entre le Dire et le dit.Or, le <strong>fondement</strong> n’est pas présenté dans le texte selon un « système » de dé<strong>du</strong>ctionsà l’intérieur de l’œuvre même <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong> (une sorte de « fondation » par thèses <strong>du</strong><strong>fondement</strong>), ou d’un approfondissement des « parties » <strong>du</strong> réel à explorer (commesouvent Husserl s’adonne à l’exploration des modes de l’intentionnalité), mais d’unebouleversement des notions, toujours empruntées à l’histoire de la philosophie, devantse montrer comme étants celle qui permettent de révéler immédiatement le <strong>fondement</strong>,avérée par le caractère térébrant même de son écriture et le martèlement incessant deson argument, virant vers la tautologie.On pourrait donc appliquer à Henry lui-même ce qui est dit à propos des « termes »de la philosophie de Maine de Biran :La difficulté qu’il y a à comprendre l’originalité des thèses de Biran et leurimportance souvent décisive, tient à la terminologie même dont il fait usage dans sesdifférentes œuvres. Cette terminologie n’est pas nouvelle, en sorte que c’est en se servantd’un vocabulaire traditionnel et apparemment clair que Maine de Biran formule sespropositions ontologiques fondamentales dont la nouveauté radicales et le contenuintrinsèque risquent de passer inaperçus et de prêter des contresens qui en interdisent àjamais la compréhension. Pour éviter une telle difficulté, d’autant plus dangereusequ’elle n’est pas apparente, il n’est pas d’autre moyen que de bouleverser le langage [...]même si la lourdeur de l’expression semble être le seul bénéfice d’une telle opération 1 .« Bouleverser » ne signifie pas intro<strong>du</strong>ire à nouveaux frais des idéalités en les niant,comme s’il s’agissait d’une forme « d’hommage négatif 2 », mais justement d’assumercette lourdeur (dans cette « apparente clarté »), afin que par ce procès puisses’épiphaniser le <strong>fondement</strong> dans le Dire lui-même comme celui qui a parlé depuistoujours, par l’épreuve de la notion qui résiste à la transcendance, désormais réécritecomme un se-montrer <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> lui-même. Bouleversement et réécriture vont depair : en ce sens la lourdeur est la base de l’épreuve <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>, comme un malaise àtravers lequel le lecteur éprouve réellement l’originaire. Mais bouleverser ne veut pasdire seulement « retournement », « mise sens dessus-dessous », mais aussi une émotionqui accompagne la Parole. Nous les appellerons aussi « notions », en tant qu’elles nousfont « distinguer », voire commencer à connaître (sens originaire de co-gnoscere – cumest intensif – d’où notio) sur le plan <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> lui-même dans un se-montrer àchaque fois singulier, comme des épiphanies. <strong>Le</strong>s notions ne sont pas des nouveaux1. PPC, p. 16, nous soulignons.2. P. Engel, La Vérité. Réflexions sur quelques truismes, Paris : Hatier, 1998, p. 6.150

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