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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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niveau <strong>du</strong> ressenti, sans passer par la refonte de la transcendance.Mais le <strong>fondement</strong> n’est-il pas ce qui est de plus obscur, de plus faux, de pluschangeant, de plus relatif ?L’obscurité <strong>du</strong> sentiment. La « coextension » entre affectivité et sentiment,et la singularité de celui-ci comme intelligibilité fondationnelle.Pour Henry, la thèse d’une obscurité « psychologique » <strong>du</strong> sentiment est à réfuter.L’obscurité est la racine même <strong>du</strong> « discrédit » toujours jeté sur l’affectivité par lacommunauté philosophique 1 . Prenons l’exemple de la douleur :La douleur elle-même, la douleur considérée en tant que telle, n’est pas quelque chosede simple, son être n’est rien d’immédiat. L’être de la douleur, sa réalité, ce qui fait d’ellequelque chose de vivant et une détermination de la vie, réside dans la structure interne decelle-ci, est le fait que la douleur se sent elle-même immédiatement, s’éprouve ellemême,[...] dans la passivité originelle <strong>du</strong> souffrir, est l’essence de l’affectivité commetelle 2 .L’obscurité à partir <strong>du</strong> langage des sentiments peut nous venir en aide. En discutant<strong>du</strong> « langage des sentiments », Henry va dire : « l’obscurité co-extensive à l’être de nossentiments et consubstantielle à lui 3 ». Il y a une co-extension entre l’affectivité et lessentiments. D’ici la contrainte d’une interrogation sur le rapport <strong>du</strong> sentiment à un objetintentionnel et à sa structure, « bien qu’il la fonde » « conjointement 4 ». Larelationnalité exprimée par le « con- » <strong>du</strong> « co-extensif et consubstantiel » propre ausentiment de Henry n’est pas la négation <strong>du</strong> « pouvoir » qui « détermine » « l’unité detous nos sentiments ». <strong>Le</strong> « passage » <strong>du</strong> pouvoir au sentiment lui-même, dans sa« normalité », n’est pas un « passage des pouvoirs », une déposition <strong>du</strong> trône quiappartenait à l’affectivité. C’est précisément au sentiment de constituer une œuvre enlui-même, de posséder le pouvoir <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> sans se dire fondé à son tour et sansmontrer la transcendance comme une structure aliénante, mais partie de sa mêmepotentiation 5 . <strong>Le</strong> sentiment serait seul capable non pas de fournir à l’affectivité les1. EM, p. 668.2. EM, p. 677. Penser le sentiment comme « obscur » signifierait 1) ramener le sentiment à une forceorganique qui se supposerait préalable au déploiement de l’action, comme le voulait le Traité dePsychologie générale de Pradines ; 2) faire équivaloir le sentiment à une connaissance « confuse », unpremier genre de connaissance, comme chez Malebranche, où la confusion de l’idée est le manque declarté vers le monde, en oubliant la Nuit dans laquelle il plonge ; 3) penser que le sentiment épuise lavaleur fondationnelle de sa structure, l’affectivité.3. EM, p. 687-688. Il ne s’agit pas d’un hapax, puisque Henry le répète à p. 693-694 en le soulignantmême : « la réalité <strong>du</strong> sentiment est coextensive et consubstantielle à sa révélation comme identique aucontenu de celle-ci ».4. EM, p. 706.5. L’interprétation radicale que J.-L. Chrétien donne <strong>du</strong> propos de Cordelia à son père le Roi <strong>Le</strong>ar (quidemandait à ses filles en cherche de celle qui pourra recevoir son règne en legs) de ne l’aimer ni plus nimoins que comme sa fille, est emblématique des contresens sur le <strong>fondement</strong> chez Henry. Cordelia évitede chanter une « préten<strong>du</strong>e » immensité de son propre sentiment. J.-L. Chrétien trouve bon de suggérer388

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