12.07.2015 Views

F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

sa peinture <strong>du</strong> visible qui « se donne pour tâche de peindre l’invisible 1 ». Pour ce faire,« les moyens permettant l’expression <strong>du</strong> contenu visible [...] doivent être comprismaintenant comme “intérieurs” dans leur signification et finalement dans leur réalitévéritable [...] 2 ». Dans cette immanence trouve place la seule phénoménologie del’imagination. L’Einbil<strong>du</strong>ngskraft, le pouvoir de se former un objet devrait à la limiteêtre prise au sens littéral : la création d’une image est le pouvoir de la rendre réelle, àsavoir intérieure, à savoir de « donner l’être dans la vie », dans « le procès inlassable desa venue en soi, venue en laquelle elle se donne à sentir en des expériences toujoursplus larges, plus différenciées, plus intenses 3 ».<strong>Le</strong>s rapports des affects sont ainsi unis par des « sonorités 4 ». Ce qui excède levisible se donne dans cette musicalité de l’art, où la « résonance 5 » prend la place de lasignification ; c’est sans doute la synesthésie propre à tout art <strong>du</strong> visible, qui nécessitel’immédiat de la musique, voire de la danse ; le « rythme de la vie » (pour reprendreune expression de F.-D. Sebbah) semble toutefois avoir été saisi, pour Henry, par la« théorie de l’art » <strong>du</strong> dessinateur hongro-allemand August von Briesen. <strong>Le</strong> procédé detracer aux crayons son expérience d’écoute d’un concert est, selon l’habituelleaffirmation de l’immanence dans la négation d’un terme de la pensée de latranscendance qui se poserait comme son <strong>fondement</strong>, une « a-composition 6 », et, enaccomplissant l’œuvre de synesthésie propre à la sensibilité, révèle que les affects euxmêmesse trouvent en rapport de sonorité : les « correspondances » des dessins et de lamusique sont garanties par la force des intensités des émotions données à l’intérieur dela subjectivité créatrice.Que voudrait dire une pure immanence, sinon une dogmatique de l’apparaîtredouble ? Nous ne sommes pas entièrement d’accord avec la position suivante :La <strong>du</strong>plicité de l’apparaître comme invisible et visible ne se ré<strong>du</strong>it pas unilatéralementà la relation <strong>du</strong> fondant et <strong>du</strong> fondé. Certes, la transcendance a besoin de l’immanence entant que celle-ci sert de <strong>fondement</strong> et de réalité à la transcendance ; mais qu’est-ce que latranscendance pour l’immanence ? Henry qualifie souvent l’immanence d’« acosmique » ou de « sans monde ». Ces adjectifs signifient que l’immanence ne doitpas, sous prétexte qu’elle fonde la transcendance, être conçue comme un acte projetant lemonde. Mais alors n’y aurait-il pas une immanence si pure, si indépendante de latranscendance, qu’elle ne posséderait jamais aucune transcendance à fonder ? Latranscendance est inconcevable sans l’immanence. Quant à l’immanence, [oui] 7 .Mais nous savons que l’immanence n’est concevable que si immédiatement1. VI, p. 22.2. VI, p. 23.3. VI, p. 186-187. Henry parle aussi de la tonalité affective qui « confère l’être » à la couleur (VI, p. 66).4. VI, p. 181.5. VI, p. 236.6. PV III, p. 280.7. Y. Yamagata, « <strong>Le</strong> langage <strong>du</strong> sentiment », J.-F. Lavigne (éd.), Michel Henry. Pensée de la vie etculture contemporaine, Paris, Beauchesne, 2006, p. 271210

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!