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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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même « de l’origine 1 ». Henry creusera cette voie : celle qui, à travers sa propreréception, fonde (= montre) sans « créer », en validant ainsi l’originariété <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>cherché. <strong>Le</strong> <strong>fondement</strong> est en effet censé garder la montrance <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong>, et non passa création. Ce sera une auto-affection passive et seulement « interne », qui aura lepouvoir de fonder (à travers un bouleversement de l’auto-affection interne etl’exclusion <strong>du</strong> temps), toute äussere Affektion 2 .Comment ce qui serait au fond de la connaissance peut-il néanmoins être« créateur » ? Comme le tente Kant au début de la première Critique, il est possible quel’ensemble de la connaissance ne vienne pas de l’expérience, comme les formes pures apriori (l’espace, le temps et les douze catégories). « L’intuition pure doit donc être,d’une certaine façon, “créatrice” (schöpferisch) 3 ». Ici réside le cœur <strong>du</strong> problème et lesens de la partialité de Henry vis-à-vis de Kant. Henry, abolissant la différence sur lecontenu empirique, à travers cette lecture classique heideggérienne, perd encore,accompagné par Heidegger lui-même, le sens global <strong>du</strong> criticisme, puisque la« création » et l’« objectivité » sont moins une dichotomie faussée dans sonquestionnement que l’ordonnancement d’un médium (l’espace et surtout le temps), quine « crée » rien, se limitant (justement) à l’ordonner selon des rapports spatiotemporaires.L’auto-affection sera bientôt interrogée comme étant le mode demanifestation de ce médium. L’ordonnancement est le sens <strong>du</strong> « formalisme » kantien,radicalement différent <strong>du</strong> néo-idéalisme kantien de la réception de Kant en France etpropre aussi, en partie, au Kantbuch.Pour Heidegger, si la connaissance n’est certes pas créatrice de « l’ordre ontique »,essentiellement fini, elle l’est <strong>du</strong> rapport ontologique. La première version de lapremière Critique, à travers la « double voie », met en évidence que la portée de la1. KM, p. 100, titre <strong>du</strong> § 10.2. Henry scelle l’idée même d’une création (l’Ent-stand) comme « inessentielle » au <strong>fondement</strong> : latranscendance ne devrait pas poser de problème en tant que telle. Mais, certes, il serait facile d’objecter àHenry qu’un manque de problème de la réalité externe ne signifie pas que la réalité externe soit comprisecomme étant effectivement « externe ». Selon H. Herring (Das Problem der Affektion bei Kant. DieFrage nach der Gegebenheitsweise des Gegentande in der Kritik der reinen Vernunft und di Kant-Interpretation, Kölner Universitäts-Verlag, 1953), « la question sur le <strong>fondement</strong> objectif de l’affectionest, comme la question de la connaissance, la question sur le <strong>fondement</strong> de l’apparence », et donc estdestinée à rester dans l’aporie, comme « toute question sur l’objet transcendantal », sur « le <strong>fondement</strong>métaphysique de l’affection » (ibid., p. 99). Herring affirme que Kant, dans la deuxième édition, s’étaitbien aperçu de cette impossibilité de l’indétermination, non pas seulement de la réalité externe, mais « dela manière (wie) où une telle affection soit possible à partir de (aus) son <strong>fondement</strong> » (ibid., p. 97). <strong>Le</strong><strong>fondement</strong> de cette unité ne se donne pas, ainsi comme il ne se donne pas la possibilité de se demanderpourquoi nous avons les formes pures d’espace ou de temps plutôt que d’autres (cf KRV, B 145 f) : celaserait possible seulement dans une intuition intellectuelle, « la polarité de l’être et de l’être-pensé seraitsoustraite ainsi dans une unité intelligible » (ibid., p. 98). Chez Henry, s’il n’y a certes pas création del’objectivité, il y a toutefois une infinité de ce processus qui se « connaît » soi-même en tant que moi,âme : pour dégager le risque de revenir à une intuition intellectuelle (ou affective, mais qui emprunteraitce paradigme), il reste au <strong>fondement</strong> (et cela nous devrons le faire en dépassant Henry), dans sa fondationd’entreprendre le procès de « finitisation », et cela selon le « sentiment » (cf. infra, conclusion).3. KM, p. 104.241

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