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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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l’emprise de la question suivante : « comment la connaissance peut-elle devenircertaine de son accord d’avec les choses qui sont en soi, comment peut-elle les“cueillir” 1 ? » <strong>Le</strong> problème de la certitude paraît en effet obscurcir celui <strong>du</strong> mode d’unfonder et a fortiori de son excédent, tout en se posant dans la perspective d’unerecherche fondant (begründet) les savoirs.Dès L’Idée de la phénoménologie, et plus encore dans les Ideen, l’intentionnalitérépond au critère de l’évidence. « Tout vécu intellectuel et tout vécu en général, aumoment où il s’accomplit, peut devenir objet d’une vue et saisie pure, et dans cette vueest une donnée absolue 2 » ; dans les Méditations cartésiennes, il en advient de même :« dans l’évidence, la chose ou le “fait” n’est pas seulement “visée”, de façon lointaineet inadéquate : elle nous est présente elle-même 3 ». Mais comment arrive-t-il à laformulation de l’évidence comme saisissant immédiatement ses contenus realen, enmettant de côté la catégorie intuitionnée simultanément que son objet ?Du « fonder » (begründen) est encore à l’œuvre, mais de manière sommaire,opératoire, presque impropre (si comparé à la Fundierung) : l’évidence « fonde » lesjugements 4 . <strong>De</strong> manière kantienne, Husserl assume comme point de départ le jugement,puisque toute Wissenschaft (« savoir », « science ») a lieu à partir d’un « juger » : aprèsl’expérience des choses, nous formulons un jugement capable de repro<strong>du</strong>ire, par l’actede juger, cette même expérience. L’accord peut se dire « véritable » si le jugement etl’expérience « sont le même ». Cet accord ou « exactitude » est garanti par uneintention (Meinen) ou présomption (Vermeinen) qu’une chose est telle : ce qui est jugéest un fait, un état de chose, où l’intention (Meinen) se remplit et se parfait (Erfüllung).L’évidence, de cette manière, est « présente elle-même 5 ».La phénoménologie, en tant que telle fonde les autres sciences, offre un savoirimmanent et transcendant, dès que l’évidence se présente en elle-même pour autantqu’elle procède d’un coup au delà d’elle-même. L’évidence passerait outre, en pouvantgarantir un régime de vérité de ce qui est évident, et non pas seulement de l’évidencecomme structure phénoménologique. <strong>Le</strong> rôle de l’évidence selon le begründen dans lesMéditations cartésiennes est celui-ci : si l’ego constitue de manière immanente sesactes noétiques comme étant intentionnels, si le savoir phénoménologique doit doncdevenir fondamental face aux autres savoirs dans la garantie de son absoluité, il fautque la structure d’évidence garde un double sens. Elle doit garantir une présence claireà soi, et, parallèlement, elle doit montrer la « chose » que l’évidence laisseratransparaître. Mais l’évidence au sens large, comme ouverture constituante le donné, est1. E. Husserl, L’Idée de la phénoménologie, Paris : PUF, 1970, p. [3], trad. modifiée.2. Ibid., p [31].3. MC, § 5, p. 9.4. Ibid. « Dans l’évidence, au sens le plus large de ce terme, nous avons l’expérience d’un être et de samanière d’être ; c’est donc qu’en elle le regard de notre esprit atteint la chose elle-même » (MC, p. 10).5. Ibid., p. 9.39

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