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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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La « révélation est un concept strictement phénoménologique : une apparitionpurement de soi et à partir de soi, qui ne soumet sa possibilité à aucune déterminationpréalable 1 » (qui se donne dans trois modes : idole, icône et théophanie). Mais, <strong>du</strong> pointde vue d’une interrogation portant sur le <strong>phénomène</strong> <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>, parlerexclusivement, comme le fait J.-L. Marion en direction de la pure « donation », dephénoménalité ou d’apparaître équivaudrait à retomber dans une « opération »méthodologique et donc dans l’intentionnalité : elle appartiendrait à un « remplissage »qui serait incapable d’en dire plus sur les conditions <strong>du</strong> remplissage. D’où le primat quele <strong>phénomène</strong> <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> a sur l’apparaître et même sur la phénoménalité.Autrement dit, ce glissement hors <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong> <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> (situant J.-L. Mariondans la même « catégorie » des penseurs ek-statiques) est dû à une incapacité d’éleverau rang de <strong>phénomène</strong> le <strong>fondement</strong> : bien qu’également tourné vers unephénoménologie sans l’être, la possibilité est chez J.-L. Marion en effet plus haute quela réalité, et cela au sens d’une véritable... « altitude » surplombant le moded’apparaître de l’apparaître. La philosophie de Henry est une phénoménologie de lapossibilité <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong> pourvu que celui-ci soit sa propre « réalité <strong>du</strong> pouvoir »,plutôt que <strong>du</strong> possible <strong>du</strong> rapport au monde. Ce qui fait dire Henry : « c’est à partir decelle-ci, à partir de l’impossibilité, que s’accomplit toute possibilité. Ce à partir de quois’accomplit toute possibilité et qui, comme impossibilité, se tient au-delà d’elle, estl’irrémissible, est l’absolu 2 ».La montrance <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> trouve sa propre méthode « radicale » dans larévélation effective. Nocturne, invisible, elle est surtout, intraçable : elle ne laisse pasde trace, pas de signe d’elle-même, pas d’indices de saturations indiquant leurphénoménalité mais aucun indice de la phénoménalité elle-même. Si « la vérité est uncri 3 », le rapprochement avec Artaud est possible, mais il serait plus radical lerapprocher au « je ne laisse pas de trace » <strong>du</strong> « théâtre de scène » de Carmelo Bene, uneréécriture de la scène à même la scène, s’il est possible de le penser sans l’anonymat.L’intraçable est le troisième immanental non-envisageable dans la « phénoménologie dela donation » de J.-L. Marion, mais qui néanmoins la sous-tend effectivement. L’ego nelaisse pas de trace, pas de signe, moins par défaut ou par besoin que par excès deprésence. Il n’y a pas de surface où la trace pourrait se raturer, le <strong>fondement</strong> n’estrepérable ni dans le monde ni dans la critique au monde.La notion de révélation condense, plus que toutes celles entrevues auparavant, lamontrance <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>. L’expérience de l’ef<strong>fondement</strong> de la phénoménologiehistorique a touché un point très fort, à partir <strong>du</strong> moment où J.-L. Marion, tout engardant une position heideggérienne et husserlienne, au moment où il avait tentéd’outrepasser Henry à partir de Henry lui-même. La révélation achève la structuration1. Ibid., p. 127.2. EM, p. 365.3. CC, p. 224.317

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