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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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comprendre que parler d’engendrement interne reviendrait à passer sinueusement, toutcomme chez Spinoza, sur le plan de l’expérience (les choses déterminées aperçuesintentionnellement) à partir d’un « principe » qui n’est pas empirique (la Substance,Dieu, s’engendrant comme un soi), mais nécessaire à la réalité de l’expérience, sansêtre expérienciel lui-même. C’est, nous l’avions préalablement dit, le pouvoir de fonderle <strong>fondement</strong> comme s’excédant <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>, tout en lui appartenant. La théorie del’engendrement, dans cette confrontation, ne nous est pas d’une grande utilité. <strong>Le</strong>problème de la nécessaire entreprise sur le seul <strong>phénomène</strong> est entrevu par Schellingaussi :Il ne sert à rien d’affirmer que dans le système de Spinoza les choses finies n’ontaucune vérité, que seul existe, à proprement parler, Dieu ou la substance infinie, et queles choses n’ont pas d’existence vraiment réelle. D’accord, répondrais-je, maisexpliquez-moi <strong>du</strong> moins cette existence irréelle, purement phénoménale 1 .L’engendrement n’est pas une réponse à la riposte de la séparation, mais son oubli –et même le risque la plus aigu d’une perte de son urgence.La « seconde philosophie » henryenne mènerait à un léger mais essentiel décalage del’interrogation sur le <strong>fondement</strong>, qui nuirait profondément à l’intelligibilité de ladifférence entre apparaître et être – cette intelligibilité soit-elle inintelligible. C’est« l’essence commune à l’âme et à Dieu [...] la vie 2 » qui intéresse cette dernière phasede la pensée henryenne. Il nous semble qu’elle ne peut nullement proposer decomprendre la montrance de la différence onto-phénoménologique fondamentalecomme non différente de la phénoménalité pure comme telle. Et cela non pas seulementà cause de la transposition et éventuelle modification de ses thèmes (de laphénoménalité des <strong>phénomène</strong>s aux ipséités en Dieu), mais parce que, en premier lieu,elle n’arrive pas à rendre le fonder de l’être une épreuve <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong> <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>lui-même. L’épreuve phénoménologique est plutôt à attester à partir de l’appartenance àDieu à l’intérieur <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong>. Un tel mécanisme à rebours rend inintelligible le<strong>fondement</strong> dans son être le fonder, le montrer lui-même, en se présentant donc commemême comme une formalisation de l’aporétique de l’ostension interne, récon<strong>du</strong>isant defacto au risque de transitivité de l’ontologie de la« séparation » que Haar trouvaitsubreptice chez Henry 3 .1. F.W.J Schelling, Contributions..., op. cit., p. [43-44]. « Existence phénoménale » est ici à entendrecomme « illusoire ». Il est à remarquer que J.-M. Longneaux, sans prendre jamais en considération cetteleçon de Munich de Schelling (pourtant parmi les textes les plus remarquables écrits à ce sujet), entredans une interprétation qui laisse son écrit profondément discutable : il met en relation Henry auxRecherches philosophiques sur l’essence de la liberté humaine, où Schelling théorise la pensée d’un<strong>fondement</strong> comme Abgrund : l’auteur justifie son propos par le seul fait que Schelling aussi auraitenvisagé le panthéisme sous la forme substance-mode. Il s’agit, pour nous, de retrouver sa spécificité, cequi fait vivre la « Vie de Dieu » dans son immédiat fonder, et non pas une analogie entre deux « Dieux ».2. PV IV, p. 74.3. Cf. infra, troisième partie, chapitre 3. Ici il sera question de la disparition de l’être et des innombrablesdédoublements que la seconde philosophie implique.182

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