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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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Dieu. <strong>De</strong>scartes avait bien « sauvé » la réalité par Dieu lui-même.<strong>De</strong> manière quelque peu analogue, et pour en donner une interprétation originale, leréveil est en effet inclus dans l’argument <strong>du</strong> rêve, où nous reconnaissons la vérité denotre crainte et la fausseté <strong>du</strong> rêve dans notre état de ressouvenir <strong>du</strong> rêve. La ré<strong>du</strong>ctionsauvage <strong>du</strong> rêve réintro<strong>du</strong>isant la notion de passion est possible par le « comme si » <strong>du</strong>processus de la ré<strong>du</strong>ction se faisant jour dans un réveil. <strong>Le</strong> rêve ne me trompe pas, pourautant que je peux l’associer au réveil trompeur.Il est possible de faire une digression sur une telle onto-phénoménologie del’« épanchement <strong>du</strong> songe dans la vie réelle 1 », qui désignerait moins la « folie »(comme chez Nerval), que la fondation lors <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong> <strong>du</strong> rêve.<strong>Le</strong> réveil est-il la saisie <strong>du</strong> rêve, saisie conscientielle ? Ontophénoménologiquement,il semblerait que non. Du point de vue <strong>du</strong> videre videor, leplan de la conscience, <strong>du</strong> préconscient ou même de l’’inconscient sont hors-jeu. <strong>Le</strong>réveil est alors à se penser « à même le rêve », pourrions-nous dire. <strong>Le</strong> rêve se déploiedans le passé antérieur au réveil, mais il ne se « sent » pas sans être réaffirmé dans leprocessus de réveil. La poursuite des sentiments <strong>du</strong> rêve dans le réveil sont lessentiments même <strong>du</strong> rêve. Il ne s’agit pas donc d’un état de conscience, mais d’affects.<strong>Le</strong> réveil est une fondation sauvage. L’antécédence <strong>du</strong> rêve est actualisée dans leréveil : il n’y a pas d’antécédence absolue. L’effroi est le même que celui éprouvé lors<strong>du</strong> réveil et le temps <strong>du</strong> réveil, puis dans la remémoration diurne. <strong>Le</strong> temps dans lequelse déploie le rêve n’est pas le minutage d’une phase de sommeil : le temps de laremémoration sent d’un coup le temps <strong>du</strong> récit <strong>du</strong> rêve. C’est par cette identité que nousavons éprouvé ce qui dans le rêve nous avait épouvanté, et que l’ambiance pro<strong>du</strong>ite parnotre esprit peut continuer à fournir ses images le long de la journée. <strong>De</strong> même, leréveil est l’élaboration même <strong>du</strong> sommeil. L’état d’éveil n’est jamais à séparer, ontophénoménologiquement,de l’état <strong>du</strong> songe. Non pas seulement parce que le <strong>fondement</strong>est le même (comme dirait Henry) : mais parce que la « mêmeté » <strong>du</strong> songe et de l’éveilest l’œuvre d’une réalité rêvée (= vécue) lors <strong>du</strong> réveil, qui pourrait bien se définir unefondation 2 . Un sommeil sans réveil, cette image de la mort qui se perpétrerait dans unemort réelle, accidentelle <strong>du</strong> dormeur, serait un sommeil sans rêve. Et les rêvesexplosants comme des bulles lors <strong>du</strong> réveil, sont également leur séquelles le long de lajournée (mais plus raréfiée à cause de l’activité consciente et de l’à-faire au monde).L’activité cérébrale nocturne (puis enregistrée par et sur des machines) ontophénoménologiquementne démontre rien au sujet <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong> <strong>du</strong> rêve.D’un point de vue fondationnel, l’argument <strong>du</strong> rêve dans les Passions de l’âme,s’applique aussi bien aux Meditationes – en rejoignant en cela l’argument <strong>du</strong> doute. <strong>Le</strong>réveil, le fait que la réalité ne me trompe pas, n’a-t-il pas été ren<strong>du</strong> possible à cause <strong>du</strong>1. G. de Nerval, Aurélia, dans Sylvie – Aurélia, Paris : Corti, 1969, p. 81 (I, 3). D’un point de vuefondamental au sujet et considérant le rêve une ré<strong>du</strong>ction sauvage, c’est le réveil à cerner les présupposésde la folie.2. Ici résident le sens d’une indistinction possibles des « réalités » <strong>du</strong> rêve et de l’éveil, que tente d’établirgénéreusement F. Seyler, « Barbarie ou culture », op. cit., p. 160.348

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