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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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interne Vie-vivant à même de prendre le relais de la recherche entamée par le« <strong>fondement</strong> » (qui concernait essentiellement le rapport à « l’être »).P. Audi, l’un des seuls à avoir creusé personnellement et originalement dans cettedirection, peut définir, dans un essai un peu plus libre à une référence à Henry et quitente d’envisager l’excédence comme le procès de création culturelle :<strong>Le</strong> Soi ne peut être considéré que comme l’être-posé <strong>du</strong> moi sur le plan d’immanenceet de l’impression de la vie, la vie constituant un plan de manifestation des <strong>phénomène</strong>s(une « Apparence ») qui a la particularité de se tramer et de s’élaborer, de se resserrer etse distendre au seul fil des expériences affectives (<strong>du</strong> « vécu » indivi<strong>du</strong>el), et sans que lemoi lui-même le veuille forcément 1 .Ce « plan d’immanence », pour continuer dans un langage deleuzien de saveurspinoziste mais lui aussi exclusivement immanent, signifie encore que ce dynamismeest comme la mer, dont les vagues sont les « impressions » à chaque fois particulièresqui viennent se former, « qui les enroule et qui les déroulent 2 ».Un modèle fécond de cette union subjectivité-monde nous est donné par l’art. Ensuivant certaines notations de Kandinksy, Henry a même pu songer que la « nature » decette subjectivité devienne le « cosmos », devienne le « monde » « représenté » parl’artiste et donc le monde de l’œuvre d’art : « cette nature originelle, subjective,dynamique, impressionnelle et pathétique, cette nature véritable dont l’essence est laVie, c’est le cosmos 3 ». Cette « nature » représentée par la peinture abstraite deKandinsky (« meilleur » exemple 4 , par Henry, d’un peintre expliquant son procès decréation), n’est pas de « nature » représentative (ek-statique), mais sensible.L’abstraction de la peinture, qui trouve son apogée dans le manque de référence auxobjets dans les lignes, couleurs, points, carrés etc., de Kandinsky, est justement lecontraire d’un « faire abstraction <strong>du</strong> monde » : c’est le décrire sensiblement, àl’intérieur de la « contre-perception » offerte par l’art.Par là on veut dire que cette chaîne de significations référentielles où se constitue laréalité quotidienne <strong>du</strong> monde, ce mouvement incessant de dépassement des apparitionssensibles vers l’arrière-plan monotone et stéréotypé des objets utilitaires, s’interromptbrusquement sous le regard de l’artiste. [...] couleurs et formes cessent de figurer l’objetet de se perdre en lui, ils valent pour eux mêmes et son perçus comme tels, ils sontdevenus des formes picturales pures 5 .Onto-phénoménologiquement, Kandinsky, nous dit Henry, avait appelé « Intérieur »1. P. Audi, Créer. Intro<strong>du</strong>ction à l’esth/éthique, Paris : Verdier, 2010 (2ème éd. refon<strong>du</strong>e), p. 81.2. G. <strong>De</strong>leuze, Qu’est-ce que la philosophie ?, Paris : Minuit, 1991, p. 38 (il s’agit toutefois des« concepts » dans cette citation).3. VI, p. 236.4. VI, p. 11, puisque par ses écrits théoriques il aurait pu trouver « un moyen pour lui d’entrer dans cettevie agrandie qui est l’expérience esthétique » .5. VI, p. 53.209

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