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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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déplacement s’accompagne d’un élargissement : loin que l’idée doive en passer par lesbornes de l’imagination et <strong>du</strong> sens commun, en sorte qu’aucune idée ne soit possible horssensation, l’idea devient universellement possible parce qu’elle s’identifie à la pensée –pensable sans présupposé sensible, ni autre représentation qu’elle-même 1 .Pour le dire de manière abrupte : d’un point de vue cartésien, porteur de cetélargissement <strong>du</strong> cogito, Henry serait tombé dans le sens commun, celui qui pense queles idées seraient non-fondamentales pour autant que la pensée commune les associe àdes représentations de choses extérieures.Car certainement, si je considérais seulement les idées comme des certains modes oufaçons de ma pensée, sans les vouloir rapporter à quelque autre chose d’extérieur, à peineme pourraient-elles donner occasion de faillir (materiam errandi) 2 .D’où les trois types d’idées – se distinguant entre elles par leur origine (et parmilesquelles les idées innées, à même de rendre raison de Dieu, garant de la réalitéexterne). Mais, <strong>du</strong> point de vue henryen, il est possible d’y voir un problème dans lanotion de la causalité de l’idée, une sortie de la « causalité immanente » <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> :lorsque <strong>De</strong>scartes écrit qu’il y a en moi quelque faculté ou puissance propre à pro<strong>du</strong>ireces idées sans l’aide d’aucune chose extérieure 3 , ce n’est rien d’autre que la formulationde la théorie (spéculative) d’une causalité efficiente de l’idée, raccourci versl’impossible regressus ad infinitum, et donc portant à Dieu, la substance infinie dont maréalité formelle ne peut pas en être la cause. « Il ne s’agit pas encore pour <strong>De</strong>scartesd’accroître la connaissance mais de la fonder définitivement, comme si elle ne l’étaitpas vraiment, comme si le cogito ne l’avait pas fait 4 . » D’où le « projet » de lalégitimation divine : « il faut donc d’abord découvrir celle-ci, faire l’inventaire descogitata, s’assurer d’eux en tant que cogitata, les soustraire par conséquence à laré<strong>du</strong>ction, et cela en présupposant l’infaillibilité <strong>du</strong> voir qu’il s’agit fonder » 5 . Henrytouche ainsi l’un des points cruciaux, il est vrai, des Méditations : <strong>De</strong>scartes n’a pastrouvé suffisant le cogito comme videre videor, mais il a retenu opportun de luisuperposer, pourrions-nous dire, cet « inventaire des cogitata », cette taxonomie faisantexploser le <strong>fondement</strong> juste avant de l’envisager dans son œuvre de fondation.Mais ce que Henry néglige d’ajouter ici, c’est qu’entre le cogito et cet « inventaire »,il y a bien un tertium datur : c’était l’idée, voire son évidence comme clarté etdistinction de la chose, dans la problématisation de sa causalité propre (qui signifie sansdoute pour nous : recourir à une fondation causaliste, revenir à une fondation nonphénoménologique).« Malheureusement les visées scientifiques de <strong>De</strong>scartes ou plutôtsa prétention philosophique, d’ailleurs légitime en soi, de fonder la science elle-même1. Cf. J.-L. Marion, « <strong>Le</strong> cogito s’affecte-t-il ? », op. cit., p. 175-178 (la question est celle d’unereprésentation sans représenté).2. AT, VII, p. 37.3. AT, VII, p. 39.4. GP, p. 59.5. GP, p. 59.353

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