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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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qui se trouve affecté par lui. Ce qui se trouve affecté par le temps, toutefois, est le tempslui-même. L’affection par soi trouve son <strong>fondement</strong> dans l’affection de soi 1 .Examinons-en les enjeux. Si le temps est cette affection qui de soi le recon<strong>du</strong>it à soi,alors revient à l’extériorité comme telle d’être temporelle. <strong>Le</strong> temps est ef<strong>fondement</strong>des <strong>phénomène</strong>s, et lui-même il est représentation. <strong>Le</strong> temps est ainsi la summa <strong>du</strong>monisme ontologique lui-même, l’ek-stase, en tant qu’intuition <strong>du</strong> pur horizon de lasuccession des étants. Nous savons que pour Kant le temps n’est pas une intuition, maisune « forme pure de l’intuition », c’est-à-dire une condition formelle de la succession. Ils’agit, de manière cohérente à la démarche « criticiste », d’une condition de droit,dé<strong>du</strong>ite par les limites de la raison de ne pas avoir connaissance de la chose en soi (<strong>du</strong>noumène), mais seulement <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong>. Pour Henry alors, tout principe « de droit »(et tout emprunt au langage juridique) contredit l’onto-phénoménologie. <strong>Le</strong> tempsimplique une conception de part en part spéculative, non-phénoménologique, pourautant qu’elle est considérée comme étant le « temps pur », la pure succession desévénements ordonnant le contenu intuitif. Henry pointe alors la « formation effective »<strong>du</strong> temps, l’affection. « C’est dans la mesure où le temps est en sa nature intuition qu’ilest possible comme affection de soi. Ce qui importe dans le temps [...] ce n’est pas soncaractère temporel, c’est son caractère intuitif 2 . »Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’un phénoménologue « radical » tel que Henry ait puse permettre, eu égard à la place occupée par le temps chez Heidegger et chez Kant,cette conclusion paradoxale et presque « présomptueuse » par rapport aux efforts de sesprédécesseurs : le temps, en tant que tel, n’est pas « digne » d’une interrogation ontophénoménologiquefondamentale, et il ne rentrera pas comme une notion :« l’intervention <strong>du</strong> temps dans la problématique de l’essence de la manifestation a <strong>du</strong>moins le mérite, et cela justement parce qu’elle constitue une simple répétition de cetteproblématique, de confirmer celle-ci dans la trace qui est la sienne : l’élucidation del’essence de la réceptivité 3 », à savoir l’auto-affection.« Auto-affection », « réceptivité », « moi », « soi », « ipséité », ce sont, dans cespages, des notions presque interchangeables : d’où vient en plus de la particularité deson style, que la considération de ce « presque » se révèle tout à fait centrale. La1. EM, p. 231.2. EM, p. 237.3. EM, 240. EM dévoilera l’essence de la réceptivité dans l’affectivité de l’auto-révélation immanente del’ego dans la passivité de sa souffrance et sa joie. « <strong>Le</strong> souffrir [...] est l’essence de l’affectivité » (EM,590). On pourrait de bon gré se demander alors pourquoi le souffrir ou le pathos n’entrent pas enconsidération à ce moment, comme des caractères qui pourraient contribuer à mieux dégager la structureauto-affective de l’ipséité ou « moi ». En réalité ces notions constituent le véritable moment où le<strong>fondement</strong>, compris dans sa structuration d’ensemble, pourra développer dans toute sa force sonunivocité, à savoir une phénoménologie de l’affect, <strong>du</strong> sentir affectif, sur laquelle dérape largement EM.Mais l’affect lui-même n’est pas envisageable comme coïncidant au <strong>fondement</strong> ni à une notion plusimportante des autres, si l’on prend l’ensemble de l’œuvre henryenne et si on veut penser le <strong>phénomène</strong>avant tout (la portée phénoménologique de la philosophie de Henry, qui est toujours une ontophénoménologie).255

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