12.07.2015 Views

F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

énigmes de la pensée et <strong>du</strong> langage. <strong>Le</strong>s meilleurs philosophes et les plus intelligentscommentateurs se sont penchés sur le problème que Henry tenterait maintenant derésoudre ; et, malgré cela, nous, si voulons continuer dans cette direction, ne pouvonspas nous y soustraire.Si la causalité transitive est celle qui fait passer la cause dans l’effet (la chaleur <strong>du</strong>feu jusqu’à l’eau dans la casserole), la causalité immanente est celle où l’effet restedans la cause (la pensée pro<strong>du</strong>it des idées, mais celles-ci restent dans la pensée).Concernant cette dernière, <strong>De</strong>leuze a insisté sur la différence entre « immanence » et« émanation », puisque « si la cause émanative reste en soi, l’effet pro<strong>du</strong>it n’est pas enelle et ne reste pas en elle […]. Une cause est immanente, au contraire, quand l’effetlui-même est immané dans la cause au lieu d’en émaner. Ce qui définit la causeimmanente c’est que l’effet est en elle, sans doute comme dans autre chose, est et resteen elle. L’effet ne reste pas moins dans la cause que la cause ne reste en elle-même »,sans pro<strong>du</strong>ire donc un « univers hiérarchisé 1 ». Comme dans le plus classique desproblèmes métaphysiques, il reste pour nous à comprendre ce « comme » <strong>du</strong> « commedans autre chose », pour autant qu’il doit demeurer intelligible (et« phénoménalisable ») à travers le <strong>phénomène</strong> comme onto-phénoménologie <strong>du</strong><strong>fondement</strong>. Serait-ce cela « l’expression » spinoziste de la substance par ses attributs –serait-ce dans cette volonté d’exprimer un problème éminemment phénoménologiqueen réalité ? Et alors, devrons-nous engager aussitôt le <strong>phénomène</strong> dans le doublemouvement de involvere et explicare de « l’expression » de la substance par sesattributs 2 , en perdant ainsi le pouvoir négatif <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> ?Il n’est pas possible de faire converger exactement ses deux problématiques sanschanger complètement de parcours, sans abandonner la « phénoménalité ». En effet, sil’on suivait <strong>De</strong>leuze, nous resterions sur un plan formel et non pas phénoménologique.<strong>Le</strong> <strong>fondement</strong> serait alors un synonyme de « cause » – et porteur de sa sémantiquemétaphysique ou en tout cas ouverte au non-phénoménologique, à l’interchangeabilitésynonymique et, surtout, au modèle de l’expressivité de l’être plutôt qu’à celui <strong>du</strong><strong>fondement</strong> et de la fondation.La première tâche nous paraît alors celle de l’immanence spinoziste 3 . En visant cebut, nous ne pouvons nullement opérer le choix de la perspective deleuzienne – mêmesi l’on peut se risquer à dire que, si l’on voulait s’approcher d’une comparaison entreles deux immanences chez ces deux penseurs, nous aurions un premier terrain commun.Il faut essayer de penser l’ensemble de la position spinoziste dans sa nuance comme unmotif phénoménologique. Mais assumer d’emblée « le problème de l’expression »comme étant celui <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>, même s’il portait à une belle piste de recherche, peutêtremême plus sé<strong>du</strong>isante que celle <strong>du</strong> paysage offert par les chemins sinueux <strong>du</strong>1. G. <strong>De</strong>leuze, Spinoza et le problème de l’expression, Paris : Minuit, 1968, p. 155-157.2. Ibid., p. 12.3. Reprise dans infra, § 6.137

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!