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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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l’hypostase de soi, s’il se montre comme un invisible effectif, réel, puisqu’il est égoïque(à la différence d’une donation <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong> qui serait chez J.-L. Marion laisséetotalement « indéterminée », dans une pure relance de la ré<strong>du</strong>ction), on pourrajustement penser : « existe »-t-il alors ? Comment voir un Invisible qui ne laisse mêmepas de trace sur son passage, qui ne se laisse pas raturer, qui est un autre absolu de lavisibilité ? Est-il un <strong>phénomène</strong>, s’il perd totalement contact avec le visible ?À partir de ces quelques questions, « perçantes » au sens phénoménologique queMarion lui a donné 1 , nous pouvons en ajouter d’autres, même plus massives. Au fond,tout ce système de « dynamisation » <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> (l’épreuve, les immanentaux,l’empirisme transcendantal, le pli, la <strong>du</strong>alité, l’auto-affection...) suffit-il ? Soninvisibilité et son dynamisme ne reviennent-ils pas plutôt à le montrer comme un« objet intact » qui « tait et n’a pas de voix / mais seulement mouvement 2 » ?<strong>De</strong> là, nous nous approchons de la nécessité d’une genèse de la transcendance, quin’est plus seulement un ensemble d’épreuves à renouveler, mais la tâche d’unerecherche concrète.Pourquoi ne pas s’arrêter à l’épreuve <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> ?Pour procéder de la sorte, nous voulons ajouter une autre considération. Dansl’écriture de ses lignes, nous admettons avoir ressenti que la tentation de s’arrêter à lamontrance <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> était très forte, sans prendre en considération cet ordre dequestion. Nous croyons qu’elle était <strong>du</strong>e à deux facteurs corrélés : le premier, plusgénéral, relatif à ce qui est au pouvoir d’être pensée par le <strong>fondement</strong> en général ; ledeuxième concerne la difficulté propre à la fondation.Premièrement, lorsque la pensée ne retombe pas dans la recherche d’une « raison »,comme lorsque nous pensons l’enchaînement causal entre la cause A et celle B, nousrestons en régime d’ef<strong>fondement</strong> : un rapport entre deux pôles d’étants « régis » par descatégories empruntées à l’être <strong>du</strong> monde lui-même.Mais deuxièmement, s’il a été difficile pour l’histoire de la pensée de penser un« <strong>phénomène</strong> <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> », il semblerait encore plus difficile de penser nonseulement le lien de la fondation au fondé, mais ce qui montre le <strong>fondement</strong> commeœuvre d’une fondation qui ne s’effonderait pas, tout en étant condition d’un mode dephénoménalité s’effondant, « l’illusion transcendantale », le véritable détachement de1. « La percée phénoménologique ne consiste ni dans l’élargissement de l’intuition, ni dans l’autonomiede la signification, maisdans la primauté seule inconditionnée de la donation <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong>. […] Intuitionet intention ne donneraient rien (et donc n’auraient elles-mêmes pas à être données), si tout nedevait, d’emblée, en vertu <strong>du</strong> principe de corrélation, être donné pour apparaître » (J.-L. Marion,Ré<strong>du</strong>ction et donation, op. cit., p. 53.2. V. Magrelli, « Amo i gesti imprecisi », Nature e venature, Poesie (1980-1992), op. cit., p. 199 :« l’oggetto intatto tace non ha voce / ma solo movimento ». Il formerait, en effet, un nouvel écart, un« jeu » à son intérieur : « dentro qualcosa balla ».324

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