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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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Parler de « <strong>fondement</strong> », utiliser ce vocabulaire, va porter au phénoménologue malgrétout une surenchère de signification, que Husserl se trouve obligé de nuancer et despécifier immédiatement.Cette propriété de « fonder », begründen, propre à la nouvelle philosophie désormaisconsciente de devoir abandonner la clôture dogmatique des systèmes philosophiques <strong>du</strong>passé, serait à prendre plutôt comme « une hypothèse provisoire, à titre d’essai, pournous guider dans nos méditations », puisque « nous empruntons l’idée générale descience aux sciences existantes 1 ». « Fonder » les autres sciences, les autres savoirs(Wissenschaften) revient à une science dont la rigueur se tient à ce caractère particulier :celui d’être au <strong>fondement</strong> (Fundament), celui d’être un <strong>fondement</strong>, d’être fondamentalepour ensuite être « fondatrice » pour reprendre la métaphore architectonique inclusedans le Begründen.Or, le but de la philosophie, répété authentiquement par la nouvelle sciencefondamentale, la phénoménologie, consiste justement à pouvoir expliciter le <strong>fondement</strong>de ces Wissenschaften qui à leur tour ne sont ni fondamentales ni fondatrices. Afind’éviter une contradiction performative et générale, Husserl admet que nous nepossédons pas véritablement cette idée <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> à trouver avant la ré<strong>du</strong>ctionphénoménologique. C’est en effet une hypothèse qui pourra nous aider à rejoindre cettemême position « fondatrice », qui sera, par sa rigueur, conforme au but atteint à la fin<strong>du</strong> parcours. <strong>Le</strong> <strong>fondement</strong> est heuristique mais néanmoins réel.Or, peut-on véritablement prendre un « absolu » comme hypothèse, point d’arrivéeet, même, méthodologie ?« Absolu » veut dire, pour Husserl : sans « idéal normatif ». « Sans idéal normatif »signifie : sans une critériologie préalable de ce qui doit être recherché par son procédé.La science qui nous con<strong>du</strong>ira à la fondation des sciences ne construit pas son propreobjet ; elle ne le cherche pas non plus comme s’il s’agissait d’une « entité »transcendant l’ordre de notre connaissance. Mais l’abandon à l’impulsion animatricedes sciences (à l’« intention » propre à celles-ci 2 ) rejette au même temps toutehypostase de l’absolu, tout Absolu en « a » majuscule. Cela se fait, chez Husserl, envertu de la référence constante à la science. « Ainsi quelque chose est déjà décidé avantle point de départ, puisque, à la différence <strong>du</strong> Heidegger de Sein und Zeit, laphilosophie situe son acte philosophique par rapport à une activité déjà fortementthéorétisée et non par rapport à un pouvoir ou un agir plus primitifs 3 . » C’est alorsl’absoluité <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> la particularité qui distinguera la recherchephénoménologique d’une recherche provenant des autres savoirs. Autrement dit, il y aau moins un différend opérant entre la rigueur de la phénoménologie et celle des autres1. Ibid.2. MC, p. 8.3. P. Ricœur, « Sur la phénoménologie » (1953), À l’école de la phénoménologie, Paris : Vrin, 1986,p. 164.22

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