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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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savoirs : la nouvelle science se pose comme absolue selon le désir animant toutescience – ce désir qui ne peut manquer à toute pratique effective et régionale, mais quine peut être visée à l’intérieur de celle-ci.L’ambivalence husserlienne au sujet <strong>du</strong> « <strong>fondement</strong> » est patente : entre leFundament et la Begrün<strong>du</strong>ng d’abord, mais pas exclusivement. Se libérant de toutehypostase métaphysique, le <strong>fondement</strong> d’une part hyperbolise la méthode scientifique(en la reprenant) et de l’autre en participe (selon des présupposés à l’œuvre depuis cettefondation transcendantale de la logique que furent les Ideen). Mais cette ambivalencesemble constituer aussi bien la force de la nouvelle science que la rigueur de sa propredémarche : il faudrait revivre (einleben) la science – et cela, afin d’en rechercher le<strong>fondement</strong> qui puisse les fonder. La tension animant la recherche rigoureuse de lascience est poursuivie sur le chemin de la recherche la plus rigoureuse, laphénoménologie, sans que pour autant ce nouveau savoir (<strong>du</strong> point de vue historique)de l’irré<strong>du</strong>ctiblement ancien (<strong>du</strong> point de vue ontologique) ne se détache pas de larigueur des sciences.En effet, à la différence que pour les scientifiques, le <strong>fondement</strong> traverserait letravail de recherche des phénoménologues, ceux qu’on a droit d’assimiler aux« philosophes ». Et ce nom peut être repris de la juste manière par Husserl en vertu <strong>du</strong>caractère fondamental de leur recherche. Ce qui n’inclut nullement un « ordre », dansson double sens, imparti aux sciences ou un ordre de « la » science ou des sciences. Laphénoménologie devrait donc saisir le caractère qui les anime, jusqu’à les porter (et ens’en démarquant simultanément) à une « absoluité » – de telle que le <strong>phénomène</strong> del’objet, qui était déjà présent en elles à un stade liminaire et obscur, puisse être dégagésans être pris dans un savoir en particulier. La phénoménologie, par son aspectfondateur, est un savoir fondamental, et donc « absolu », dénué de présupposés. Enfondant les sciences, elle auto-transforme donc son statut de science à sciencefondamentale.L’absoluité de la phénoménologie, atteinte par son être à même le <strong>fondement</strong> desWissenschaften, ce même <strong>fondement</strong> où a reflué l’ambition de la vielle philosophie àsaisir un absolu hypostasié (et désormais révolu, grâce à une démarche fondamentaleorientée avec rigueur), porte celui qui la pratique (le phénoménologue) à prendreconscience directement de sa propre responsabilité vers la communauté des chercheurset finalement vers l’humanité tout entière. Cette responsabilité dynamique <strong>du</strong> savantvis-à-vis de son savoir surgit par ce caractère fondamental, comme Husserl le dit dansun texte de la même année (1929) où furent prononcées les Pariser Vorträge. Parler de« <strong>fondement</strong> des sciences » revient au même, « au fond », que parler de l’« autoresponsabilité» (Selbstverantwortung) des philosophes que s’y engagent 1 : le1. E. Husserl, Nachwort zu meine Ideen, Hua V, Ideen zu einer reinen Phänomenologie. Drittes Buch,La Haye : Nijhoff, 1971, p. 139 : « aus letzter Begrün<strong>du</strong>ng, oder, was gleich ist, aus letzterSelbstverantwortung ».23

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