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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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ce fut bien la découverte <strong>du</strong> véritable <strong>fondement</strong> ce qui a livré <strong>De</strong>scartes à l’exclusion« insurmontable » de ce qu’il aurait dû fonder.La question de la perte de <strong>De</strong>scartes peut se formuler ainsi : une fois la ré<strong>du</strong>ctioneffectuée, et en ayant décidé que « la position et la résolution des problèmes se font etdoivent se faire sur le plan des <strong>phénomène</strong>s » car « la ré<strong>du</strong>ction n’est pas provisoire 1 »,<strong>De</strong>scartes se trouve lui-même confronté à une série de problèmes qui, tout en lui venantde son époque (déjà extrinsèques au <strong>fondement</strong>), lui ont voilé la possibilitéd’approfondir sa découverte jusque dans ses conséquences les plus novatrices – en lesperdant dans un rationalisme à visée scientifique. D’où l’équivoque de l’épiphanie <strong>du</strong>« cogito » : « que l’entendement soit l’essence, le sentir et l’imagination des accidents,c’est ce que démontre l’analyse eidétique pour autant que, selon les déclarationsfameuses de la Sixième Méditation, il est possible de penser sans imaginer ni sentiralors que le contraire ne l’est pas 2 ».<strong>Le</strong>s textes de la Sixième Méditation que Henry fait suivre reprennent l’« intégrité »<strong>du</strong> « moi » au-delà d’une possible privation de la faculté des sens ou de la facultéd’imaginer quelque chose, effaçant, par un jeu quasiment lexical (concernant lacogitatio), le procédé de la ré<strong>du</strong>ction qui avait permis d’obtenir la semblance originaire.<strong>Le</strong>s sens sont incapables de se donner une base phénoménale, s’ils manquent de l’autoimpressionnabilité: ainsi l’imagination ne peut donner libre cours à ses jeux et à sesconstructions que s’il ne s’avère en elle, en la précédant, un pouvoir dephénoménalisation sur laquelle elle va s’inscrire.Cela est pour <strong>De</strong>scartes possible en vertu de la « pensée », qui est aussitôt recon<strong>du</strong>itenon pas à être un <strong>fondement</strong> immanent impressionnel, mais simultanément idée : l’objetintérieur de toute pensée, la conscience de quelque chose. Entre la « premièresemblance » <strong>du</strong> videor et le videre, c’est ce dernier qui finit par prendre le relais chez<strong>De</strong>scartes, nouveau triomphe de l’erreur la plus répan<strong>du</strong>e de l’histoire de laphilosophie.Henry semble toutefois ne pas se contenter de critiquer <strong>De</strong>scartes : son néocartésianisme« l’oblige » quasiment à devoir ébaucher un chemin qui porte de l’un àl’autre. À ce sujet, J.-L. Marion, en amont de son « dialogue » à Henry, a écrit : « sil’ego cogito engendre l’intentionnalité, alors l’intentionnalité ne peut ni le comprendre,ni le confirmer, ni surtout l’infirmer 3 ». « Cette interprétation <strong>du</strong> cogito ergo sum [= <strong>du</strong>videre videor comme auto-affection], sans doute fulgurante puisque éclairante, soulèveplusieurs interrogations » ; et, après avoir douté d’une possibilité de résoudre lesquestions données par la proposition d’une phénoménologie non-intentionnelle (sicelle-ci est un enjeu « proprement cartésien »), J.-L. Marion se demanderait en somme :« peut-on identifier un cogito, ergo sum absolument non-intentionnel dans les textes1. GP, p. 46.2. GP, p. 45.3. J.-L. Marion, « <strong>Le</strong> cogito s’affecte-t-il? », op. cit., p. 165, nous soulignons.344

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