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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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donnés de l’évidence (il ne s’agit pas d’un « pont » entre transcendantal et empirique,entre le <strong>fondement</strong> et le fondé, entre la « -phénoménologie » et son « onto- »), mais desentir un sentiment particulier qui donnerait une intelligibilité fondamental au contenuéprouvé, tout en le fondant.L’exemple de la haine est vraiment « exemplaire ». Prenons la phrase : « la haine estun malheur ». Selon Henry, « l’être » montré dans la « haine » que je ressens n’est pasdû au fait de ses « répercussions malheureuses sur la vie de celui qui hait », « d’uncertain nombre de troubles et de sentiments nouveaux mais également pénibles tels quele remords, l’inquiétude, la colère », mais « que la haine est en elle-même unmalheur 1 ». C’est sans doute dans cette identité que doit être comprise la transluciditéet en même temps l’obscurité qui enveloppe le sentiment – ce qui ne nous fait pasdistinguer l’obscurité de l’âme 2 . La fausseté <strong>du</strong> sentiment (les sentiments déterminéssocialement ou ceux diamétralement contraires aux situations) n’en fait pour Henry pasmoins de celui-ci le seul « critère » de cette errance, sa seule « normativité ». <strong>Le</strong>consubstantiel n’est pas donc entre le sentiment et le monde, mais entre le sentiment etl’affectivité fondamentale; son « appartenance » comme détermination de celle-ci lerend non-illusoire. Une telle appartenance, qui brise toute référence aux modalités del’ek-stase en est une singularisation qui devrait réaffirmer le caractère fondamental aumoment précis où elle s’ouvrirait de manière immanente à une fondation décrite à partir<strong>du</strong> sentiment lui-même, et correspondant à celui-ci (tout en le modifiant, comme parexemple dans la littérature 3 ).comme la réponse de. Cordelia communiquerait à son Père une préten<strong>du</strong>e impossibilité d’aimer au-delàde la parole (en disant qu’elle l’aime ni plus ni moins que comme une fille doit aimer). Ce qui pourChrétien reste celui de l’amour dès premiers jours de la naissance : « il est celui où nous avons reçu laparole et appris à parler ». Pour nous il s’agit d’une hyper-onticisation <strong>du</strong> fait de la naissance et de laprise de parole. Si ce que j’éprouve va au delà des mots, aucun mot ne l’exprime de manière adéquatenon pas parce qu’il renvoie à une vie indéfectible, mais justement parce que dans cet au-delà de la parolese tient (et cela contre Chrétien) l’ordre des mon dévoilement <strong>du</strong> monde. <strong>Le</strong> « rien » de la réponse deCordelia ne veut pas dire un un « au-delà » de la discursivité : en réalité, elle cherche à exprimer lasincérité et la normalité de son rapport à son père. C’est un « nothing special » ; et les mots qu’ellevoulait dire au début rétablissent l’impossibilité voire l’inutilité de reconnaître un amour démesuré sansla plongée au monde auquel tout amour doit obéir. « L’écoute intérieur » n’est donc pas une « discursivitéqui ne cesse de nous parler de l’intérieur et de l’ek-stérieur », une sorte de maintien dans la <strong>du</strong>plicité de laParole (J.-L. Chrétien, « La parole selon Michel Henry », J.-M. Brohm, J. <strong>Le</strong>clercq (éd.), Michel Henry,op. cit, p. 152), mais de l’abolition de la <strong>du</strong>plicité en vertu d’un sentiment qui n’a besoin ni d’un intérieurni d’un l’extérieur pour s’éprouver comme signifiant.1. EM, p. 694.2. « The quarter where all thoughts is done : / who can distinguish darkness fromt the soul ? ». W. B.Yeats, « A dialogue of self and soul », The Winding Stair and other poems, dans The collected poems ofW. B. Yeats, Londres : Wordsworth, 2000, p. 198.3. Nous reprenons cela dans la conclusion.389

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