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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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départ de la refonte de la philosophie de Scheler sera la fondation de l’être parl’apparaître.« Dans la sphère <strong>du</strong> psychique, dit Husserl, il n’y a pas de différence entre être etapparence. » Mais cette affirmation, sur laquelle on a cru pouvoir fonder le caractèreabsolu de la problématique phénoménologique en tant qu’elle vise la sphère immanentede la conscience, demeure en fait une indication extrêmement vague tant qu’on n’a pasdéfini ce qu’il convient d’entendre par le fait d’apparaître 1 .La reprise schélérienne de Husserl est sa limite : pour Henry, Scheler aurait mêmedonné une indication correcte en tant que telle, mais malheureusement biaisée par lepropos husserlien de l’intuition : « une philosophie fondée sur l’intuitionphénoménologique de l’essence [phänomenologischen Wesenschau] doit affirmer quel’être absolu est connaissable, d’une façon évidente et adéquate, dans chaque sphère <strong>du</strong>monde extérieur et intérieur [Außen- und Innenwelt] 2 ». « Intuition », « mondeextérieur » (en plus en relation avec un monde « intérieur »), et, en outre, évidence etadéquation : autant de mots <strong>du</strong> domaine de l’ek-staticité, de l’ef<strong>fondement</strong>,« La conception de l’absolu comme réalité transcendante est caractéristique de lapensée de Scheler. Elle trouve évidemment son origine dans la nature intentionnelle <strong>du</strong>pouvoir de révélation, qu’il s’agisse […] <strong>du</strong> pouvoir de révélation ou au contraire d’uneperception affective à proprement parler 3 . » La nature phénoménologique de l’absolureste pour Scheler, selon Henry, confiée à un pouvoir de transcendance, tout comme, cequi est important, le dépassement interne des tonalités affectives, la « dialectiqueimmanente de la vie », aperçue comme joie et souffrance « allant ensemble » (ontophénoménologiquement),mais abandonnant l’intérieur de ce passage en proie aux« oppositions extérieures et arbitraires 4 . »Après L’Essence de la manifestation, Henry ne se confrontera plus à Scheler. <strong>Le</strong>discours sera clos, les comptes sembleront réglés. Un long silence suivra.Quarante ans plus tard, toutefois, lorsqu’un tournant commence à se profiler àl’horizon dans « Pour une phénoménologie de la communauté 5 », le nom de Schelersera encore associé, de manière significative, à celui de Husserl. Henry va reprendre lasuffisamment restreinte à une étude analytique est possible, il n’est pas possible de se rapporter sifacilement et de la manière « fondatrice » propre à la phénoménologie henryenne au discours de Scheler.Sa présence est contradictoire en 1963 : c’est une référence importante et omniprésente, mais sporadiqueet aussitôt ramenée à l’horizon moniste. La pénurie des monographies sur le bavarois n’a certes pasfacilité son intro<strong>du</strong>ction en France Comme explication partiale concernant Henry, il pourrait s’avérer quela seule œuvre qui intro<strong>du</strong>ise au parcours <strong>du</strong> réalisme phénoménologique schélérien fut publiée parMaurice Dupuy en 1959 seulement (La philosophie de Max Scheler. Son évolution et son unité, Paris :PUF), lorsqu’une bonne partie de EM avait déjà été rédigée.1. EM, p. 70-71, la citation de Scheler, contenue dans Die Idole der Selbsterkenntnis, dans Vom Umsturzder Werte, II, <strong>Le</strong>ipzig : Reinhold, 1923, p. 59, est à son tour une citation de Philosophie als strengeWissenschaft (paru en 1913).2. M. Scheler, Die Idole..., p. 8, cité et tra<strong>du</strong>it par EM, p. 61 (les mots allemands entre crochets sontnôtres).3. EM, p. 847, note.4. EM, p. 849-850.5. PM, p. 160-180.414

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